Cette exposition trace l’idée d’un dialogue entre deux générations de photographes japonais, Shigeichi Nagano et Koji Onaka. À travers leurs images d’un Japon souvent méconnu, entre une photographie, instrument de chronique sociale, et un état des lieux distancié parsemé d’indices autobiographiques, chacun à sa manière très libre, nous révèle in fine l’image d’un Japon bien réel ou se côtoient paysages, personnages, voire les deux.
Shigeichi Nagano est l’un des photographes documentaires les plus prolifiques au Japon. Depuis la fin de la deuxième Guerre mondiale, il a sillonné le Japon pour former une vision subtile et nostalgique de son pays. Les rues de Tokyo, sa ville d’adoption, restent sa plus grande source d'inspiration.
Né en 1925 à Oita, il décide de devenir photographe après avoir été présenté à Yonosuke Natori par l’intermédiaire de Jun Miki. En 1947, après avoir été diplômé en économie de l'Université de Keio, Natori l'engage comme rédacteur en chef pour le tout nouveau magazine Shukan Sun News ou Nagano a pu observer les plus grands photographes tels que Ihee Kimura. Il quitte le magazine en 1949 pour devenir un photographe et éditeur de la série Iwanami Shashin Bunko. Pour se série de plus que 60 volumes, il a pris des photos documentaires à travers tout le Japon. Il est devenue freelance en 1954 et a vite établi sa réputation comme photographe documentaire. Nagano est surtout connu comme un photographe de rue de scènes urbaines à Tokyo. À partir de photographies documentaires purement objectives, il a commencé à évoluer vers une approche plus subjective. Dans des expositions telles que A Strange Perpective in Tokyo (1986) Nagano a cherché à traduire les difficultés qui ont accompagné le rythme effréné de la croissance économique et les changements qui ont marqué la reconstruction du Japon. Une rétrospective de son œuvre, Lauréat de nombreux prix, A Chronicle of Japan: Nagano Shigeichi, a Life in Photography a été présenté au Metropolitan Museum of Photography de Tokyo en 2000.
Koji Onaka est né à Fukuoka en 1960. Il commence sa carrière en 1982 en tant que photographe free-lance. Il participe au workshop « Camp » à Shinjuku et se lie alors fortement avec Moriyama. Sa recherche, bien que totalement issue de ce dilemme entre subjectivité photographique et objectivité analytique du réel qui occupe pleinement le milieu photographique japonais des années 70-80 prend un tour singulier alors qu’il trouve la tonalité unique de ses couleurs sentimentales et chaleureuses. Sa photographie, purement auto-fictionelle est née de ses déambulations sans fin aussi bien au Japon et à l’étranger et imprégnée d’une philosophie toute bienveillante quand à la fugitivité des formes.
Ancien élève de Daido Moriyama, il affirme à chaque cliché son droit à une absolue pérégrination. Pour lui, la photographie n’a pas d’autre fonction qu’elle-même et l’empreinte profonde que nous laisse chacune de ses images, réside également en sa maîtrise absolue du tirage. La photographie de Koji Onaka est objet.
Koji Onaka, quittant un jour l’influence de son maître, trouvait dans des champs de germinés la vision de Seitaka awadachiso (1988-1991), son premier livre, avec ses gris finement argentés et une comptabilité qui ne reporterait plus jamais ni fin, ni origine mais seulement un monde représenté par son corps et cet objet qu’il tenait entre ses mains.
© Koji Onaka, série Seitaka awadachiso, 1988-1991.
Vignette © Shigeichi Nagano, Employée d'usine lors d'une fête nationale. Usine sidérurgique de Yahata, Fukuoka, 1958. Courtesy Studio Equis.