© Francis Morandini
CAP de Saint-Fons Place des Palabres 69195 Saint Fons France
Francis Morandini photographie les zones limitrophes et périurbaines. L'entropie gagne progressivement ses paysages saturés, les rapprochant ainsi de la nature morte.
L'exposition fait écho au contexte contrasté dans lequel est implanté le nouvel espace du CAP, un quartier populaire bordé d'un parc arboré et dominant le paysage post-industriel de la Vallée de la Chimie. S’attacher à la forme du paysage n’est pas une solution de facilité.
Cette représentation du profane, du lieu d’où le divin s’est absenté, selon Jean Luc Nancy, est secouée des soubresauts de l’obsolescence jusqu’à la menace de la disparition du genre.
Il est donc remarquable qu’un photographe de la jeune génération ait le courage de cette représentation. Elle n’est cependant pas exclusive puisque des images d’apparents amoncellements d’objets de consommation ponctuent la démarche de Francis Morandini. Quel rapport entretiennent ces deux directions de travail ?
Les photographies de paysages montrent invariablement une nature vigoureuse dont la puissance est contrebalancée par une trace humaine. Semble s’opérer, par le cadrage et la profondeur de champ, un équilibrage des forces. Qui de l’indifférence du cygne ou de l’attention de l’enfant fera tendre l’image vers une figuration “charmante” du paysage sauvage ou vers le futur d’une transformation de cette portion d’Eden en zone d’activités ?
Cette mise en stabilité du rapport nature/humanité est renversée dans la série des objets de consommation. L’eau est en bouteille, les fruits dans une boîte et le pelage de l’animal sert de vêtement.
Francis Morandini défend l’autonomie de chacune de ses photographies mais tente, par l’accrochage, une confrontation entre une visée esthétique de la nature et un instantané “trash” de sa domestication. Qui dès lors devient nature morte.