L'avis d'Actuphoto ; José Ramos Bas – Ndar, une invitation au voyage.
Des enfants rieurs, des visages fiers, marqués par le soleil et l'ardeur. José Ramon Bas donne un aperçu de ses souvenirs de voyage au nord du Sénégal, dans la ville de Saint-Louis. Il emplit la galerie d'instantanés intimes, dont les présentoirs, semblables à des pages de carnets gribouillés et raturés, participent également au récit sous forme de collages. José Ramon Bas raconte chaque histoire à l'aide d'éléments de dessin. Des bateaux, des nuages, voire même les personnes sont ainsi ajoutés à la main par le photographe. Papier aluminium, ruban adhésif ou griffonnages noirs et blancs, chaque photo est enrichie et s'offre à l’interprétation. Au cœur de la galerie, on trouve un petit train d'enfant. Non pas le genre de train industriel que les parents mettent sous le sapin de Noël, mais un train fait avec application par des enfants à partir de bois, de verre et de plastique.
A partir d'éléments simples, José Ramon Bas nous invite à participer visuellement, par l'imagination, au récit de ses voyages, rendus aussi vivants que s'il nous les relatait en face à face.
Here or There, Un guide singulier.
A travers sa grande audace créative, ce travail témoigne de la personnalité unique de l'auteur. Des flèches, des cercles, des chiffres ou des cadres subdivisent les photos de voyages et de nature de Ramon Bas. A travers ce prisme unique, les images de la côte, du désert, de la ville ou des glaciers sont imprégnées d'une même singularité et intègrent un récit cohérent. On y voit beaucoup des lieux, des couleurs variées et des formats très divers, images tour à tour floues ou vignettes, mais toujours originales et saisissantes, qui communiquent l'impression d'un périple mémorable. Ici encore, José Ramon Bas invite les spectateurs, comme des amis intimes, à se fondre dans son travail.
Mattea Weihe.
La Galerie VU’ présente la seconde exposition individuelle de José Ramón Bas à Paris composée de deux séries, Ndar en hommage à la ville de Saint Louis dans le nord du Sénégal et Here or There, une pure allégorie du voyage, conduisant toutes deux à des inclusions sous résine d'un tirage argentique retouché par l'auteur. Ce sont toujours des pièces uniques.
Dans l'ancienne capitale des colonies françaises en Afrique, l’artiste explore une nouvelle fois ce continent avec tendresse et humilité. Il s’agit là encore du souvenir où se mêlent des scènes de pêcheurs, les navires échoués ou les jeux des enfants. Les vues aériennes revisitées à l’infini de Here or There exaltent nos images du voyage, renouvelant la permanence d’un besoin d’espace, de mouvements et d’échappées vers un ailleurs exaltant.Comme des morceaux de mémoire encapsulés dans des blocs de résine, les œuvres de José Ramón Bas encouragent le rêve éveillé, invitant chacun à rassembler ses souvenirs. Les souvenirs de moments qui ne sont plus, que les pièces créées par l’artiste continuent de faire exister indéfiniment dans notre imaginaire. Il est incurablement voyageur et un touche à tout brillant. Il est poète, comme il respire. Il est inclassable et, amoureux des espaces, des gens, il invente des objets qui conservent la mémoire de ses expériences, de ses émotions. Il ne se soucie pas de constituer une œuvre mais s’attache à restituer ce que furent les temps du voyage en Afrique, à Cuba, au Brésil.
Dans ses parcours, il photographie de façon ludique, compulsive. Puis, lorsqu’il rentre à Barcelone, il regarde ses planches contact et décide de transformer les images qu’il a enregistrées en objets. Il réalise des tirages, avec peu d’intérêt pour la technique, puis il les travaille : il peut écrire sur l’épreuve, la griffer, la maltraiter, en fonction de l’humeur ou de l’inspiration du moment, avant de la figer dans une inclusion de résine et de la vouer, entre imagerie et sculpture, à son statut d’objet. Chaque négatif est pour lui une ouverture à une infinité de possibles qu’il réalisera dans des formats divers, du carré au panoramique, et qui devront véhiculer son souvenir de l’expérience du voyage. Alors, ses paral- lélépipèdes dont la légèreté n’a d’égale que la présence occupent le mur avec subtilité et nous encouragent au rêve et à l’apaisement. Un enfant sur la plage, une palme vouée au vent, un moment de jeu, un souffle, l’extension d’un paysage, et, au final, un objet qui convoque l’émotion.
Ndar est une série qui traite de la mémoire du voyage vers Saint Louis du Sénégal, une immersion dans un monde fait de barques, de plages, de babyfoot et d’enfants...
Tout se mélange à Ndar (l'ancien nom de la ville en Wolof), les souvenirs s’entremêlent comme des rêves composant chaque scène d’un scénario. C’est cela que José Ramón Bas aime trouver dans ses œuvres, lorsqu’une part de l’énergie d’un lieu et d’une image devient rêve, devient une interprétation originale de la réalité. Ainsi, tout devient possible à Ndar.
Dans la série Here or There les vues aériennes composent une allégorie du voyage dont le mouvement devient le moteur. S’entremêlent à la fois les images-clichées que nous avons tous prises ou vues d’avion avec d’autres qui créent des histoires et des associations d’idées dans la mémoire de l’artiste. Un jeu où le collage et l'intervention jouent un rôle clé, comme un lien entre le déplacement et la destination ou vice versa, créant des parallèles qui nous amènent à toujours redémarrer le voyage.
Toutes les images © José Ramon Bas / Agence VU.