Photo © Jean-Louis Sarrans.
Photographe depuis vingt-cinq ans, Jean-Louis Sarrans se consacre depuis une dizaine d’années à un travail intime et essentiel : il photographie et filme non pas ce qu’il voit, mais ce qu’il perçoit du rapport de l’Homme au Monde, depuis sa création jusqu’à sa possible disparition. Tenant à distance l’urgence et l’ambition d’objectivité du reporter, il prélève par touches, aux quatre coins du globe, les images propres à retranscrire cette quête sensible. Ses photographies opèrent à la fois des contradictions primaires, ainsi de la juxtaposition de fragments de banquises et de débris urbains, en même temps qu’elles suggèrent l’indicible, de la beauté des choses au silence d’Hiroshima, à l’effroi d’Auschwitz. Cette confrontation permanente entre le Visible et le Sens interroge durablement les équilibres de nos vies.
L’exposition Demain, même heure confronte l’Homme à la Nature, dans une altérité supérieure. Les séismes et bouleversements climatiques signalent la fragilité de notre destin et renvoient à notre responsabilité. Les données de l’exposition sont donc simples : agir sous peine d’être dépassé, demain, par le dérèglement des éléments qui nous entourent.
A contre-courant des images médiatiques de catastrophes, il s’engage sous une forme conceptuelle. En privilégiant la contemplation et le temps de la pensée sur la consommation des images, il invite le spectateur à reconsidérer la beauté des choses et l’échelle de l’Homme dans le monde. Ses tableaux photographiques, issus de prises de vue en extérieur, assoient des horizons bruts, ceux des glaciers du Groenland ou des trottoirs de New York, et submergent par un parti pris chromatique dense, bleu ou rouge. En quelques fresques monumentales - quatre diptyques, un triptyque et un ensemble de 9 panneaux - Jean-Louis Sarrans parvient ainsi à stimuler notre imagination, seule ressource inépuisable selon lui, et à réveiller notre volonté.
Le livre Cosmogonies - dont Demain, même heure constitue l’avant-dernier chapitre - et la vidéo This time tomorrow complètent cette installation.
Photo © Jean-Louis Sarrans.