Box Galerie 102 chaussée de Vleurgat 1050 Bruxelles Belgique
Cela peut sembler paradoxal au vu de certaines de ses images mais, d’une certaine manière, Larry Fink considère la plupart de ceux et celles qu’il photographie depuis plus d’un demi- siècle comme des beautiful people. Qu’il faille ou non prendre l’expression au pied de la lettre mérite néanmoins que l’on se pose la question… Ayant grandi dans une famille progressiste et après avoir étudié un temps avec Lisette Model, c’est naturellement que, dès l’aube des années 60, le photographe met sa pratique au service du documentaire et, plus précisément encore, qu’il privilégie les sujets sociaux ou sociétaux.
Il n’a pas 30 ans lorsque, en 1970, John Szarkowski lui met véritablement le pied à l’étrier en incluant plusieurs de ses images dans une exposition collective au MoMA, où il dirige le département photographique. À partir de là, tout s’enchaîne : d’autres expositions, en solo cette fois, aux cimaises du MoMA ainsi qu’à celles des plus importants musées américains et européens.
Depuis longtemps indissociable de sa signature visuelle, c’est l’utilisation du flash de reportage qui constitue l’une des caractéristiques essentielles de l’œuvre de Larry Fink. Tantôt uppercut, tantôt caresse, l’éclair du flash taille dans la scène, révèle au grand jour ce qui restait tapi dans la pénombre, fige le plus fugace des instant tout en conférant à l’ensemble une douceur inattendue.
La première monographie de Larry Fink, Social Graces, demeure l’un des ouvrages majeurs de l’édition photographique du 20e siècle. Y sont réunis des clichés montrant des spécimens des classes new-yorkaises les plus aisées, en représentation dans leurs activités mondaines : soirées caritatives, vernissages sélect, sorties dans les clubs les plus exclusifs. Smoking et robes longues, sourires carnassiers, poses convenues. Ce qui n’exclut ni l’hébétude no, parfois, le désarroi.
À cela, le photographe propose un judicieux contrepoint, qui donne toute sa substance à la série. La seconde partie du livre nous entraîne en effet dans le quotidien des Sabatine, une famille d’ouvriers qu’il a rencontrés après s’être installé à Martins Creek, un minuscule village perdu de Pennsylvanie orientale. Les canettes de bière en lieu et place du champagne millésimé, les gâteaux d’anniversaire hypercaloriques en guise de petits fours. Et une gestuelle aux antipodes de celle rencontrée chez les nantis.
À la suite de Social Graces viendront d’autres séries, elles aussi fruit d’immersions prolongées dans des univers aux codes bien marqués. Il y aura ainsi Boxing, pour lequel Fink hantera les abords des rings mais plus encore les petites salles d’entraînement de Philadelphie, préférant les pugilistes anonymes aux champions. Puis viendront Runway, sur les coulisses des grands défilés de haute couture et Somewhere There’s Music, compilation d’images dont la musique – l’autre passion du photographe – constitue le fil rouge, qu’il s’agisse de jazz, de classique, de rock ou de blues. Enfin, dernier album en date, The Vanities, principalement consacré aux soirées de remise des Oscars de ces dix dernières années. Ce qui réunit ces différents essais peut se résumer à quelques constantes : l’attachement empathique du photographe à une omniprésente sensualité et sa capacité à capter les signes émanant des corps, l’ensemble de ceux-ci constituant un langage universel.