Galerie Le Pictorium 35 rue Sibié 13001 Marseille France
Actuphoto a parcouru la galerie le Pictorium pour rencontrer les fantômes capturés aux quatre coins du monde par Véronique Durruty.
La photographe est partie du crépuscule à l'aube à la recherche de ces hommes et femmes qui hantent les rues. Elle les expose à la lumière crue de la galerie afin « que tous les voient, et qu'ils racontent leurs histoires ».
Les photos aux couleurs magnifiques présentent des zones de flou inquiétantes. Elles mettent en déroute le spectateur qui ne sait plus bien s'il s'agit de cauchemar ou de rêve.
Une Pygmée « bientôt fantôme pour de vrai » nous regarde droit dans les yeux, tandis que deux enfants sénégalais aux sourires carnassiers nous invitent à jouer avec eux.
Véronique Durruty offre un univers profond, mystérieux qu'on aimerait connaître plus sans oser toutefois trop s'en approcher. Un entrée dans le monde de la nuit qui laisse la part belle à l'imaginaire et au rêve.
Marine Forestier.
Avis de la rédaction :
© Véronique Durruty
« Cela fait longtemps que la nuit me hante.
Avec ces pellicules que l’on dit « peu sensibles » - tout est question d’échelle, un poil d’éclat en trop est tout est brûlé, cramé, au panier -, écrire la lumière de la pénombre dans une boite noire, elle meurt si elle voit le jour, la révéler dans le secret de l’obscurité, et surtout attendre, pour qu’enfin les couleurs éclatent dans la lumière. Et là, voir si les fantômes prennent vie. Ou si tout est raté.
La nuit rôdent les vampires, la nuit je suis un peu vampire. Même si au fond rien ne change, je ne veux que partager mes rêves, aux heures des loups je les vole en douce dans la pénombre qui me cache, me protège, m’aspire. Au matin je recrache le sang sucé. Et parfois les fantômes prennent vie.
Ceux-là un jour, je les expose, effet de bascule, je rêve que tous les voient, et qu’ils racontent leurs histoires. Leurs histoires? La nuit rend schizophrène, à l’heure des loups l’homme se transforme en loup-garou, derrière chaque fantôme il y a mille histoires, dure ou poétique, folle ou rationnelle, la sienne, la mienne, la vôtre qui la regardez, celle de votre voisin. Toutes sont vraies puisqu’elles existent dans un cerveau. Et maintenant plongez dans la nuit, devenez vampires, schizophrènes, disséquez mes fantômes, triturez mes images. Changez de peau, regardez avec vos yeux, mais aussi avec ceux des autres. Est-elle mouvante cette image fixe, vue en changeant de regard ? Et donnez-moi votre version des faits. Pour que mes fantômes restent vivants. »
Véronique Durruty
Pour cette exposition, Véronique Durruty est sortie à l’heure des loups, partout dans le monde, puis a envoyé à tous ceux qui le souhaitaient 1 ou 2 images de l’exposition, sans aucune indication, afin qu’ils écrivent l’histoire que leur raconte cette photo, et que chaque visiteur la regarde et la voie différemment, en fonction des textes qui l’accompagnent. Les textes ont afflué, de tous âges, collégiens, retraités, de tous horizons, amateurs, écrivains, journalistes, de tous horizons géographiques aussi, Paris, province, d’ici un texte en russe, de là un beau poème sombre venant d’un philosophe de Dakar... Tous accompagnent les photographies qui les ont inspirés dans cette exposition qui restera « vivante » puisque tout au long de l’accrochage, les visiteurs sont invités à envoyer leur propre texte sur le blog de l’exposition.
http://lheuredesloups.canalblog.com