Galerie Voies Off 26 ter rue Raspail 13200 Arles France
« Promeneur acharné, solitaire, Amaury da Cunha risque son élégance naturelle dans les états du réel, cherche à y déceler ce qui décharné, déchante sous l’iris. Infatigable, il laisse en place ou arrange ce qu’il regarde, c’est selon, ce qui en dira long sur le passage, le guet entre deux temps : celui proche et connu de nos existences, et celui plus rugueux de nos rêves. Un pas, nous franchissons la limite du cauchemar, de ne savoir comment nommer les choses tant l’abîme est profond, vaste et silencieux. C’est une certitude, dans la chronologie du monde, le langage est venu parfaire cette pensée en gestation, ces concrétions de vies, ces indices, syllabes après syllabes, cherchant sans fin, comme un aveugle la lumière. Tentative après tentative, Amaury da Cunha cherche à décrire l’indescriptible. De la lumière, il compose les ombres, les arrange pour cacher, dématérialise l’être, donne de l’absence un compte rendu sans omission. Car de nos vies, il capture les interstices.
Se donner tant de mal, pour effleurer ce qui présente un souffle, tout au plus. Justement, car après tout, après le temps, les mots d’amour, les gifles et les revers, il ne reste qu’une vie dépouillée, dans l’urgence. Cette vie même, à fleur de mots, est révélée par des images fugueuses. Amaury da Cunha nous propose un projet ambitieux. Il tente malgré tout de faire le clair, en images et avec des mots, générant des poches de poésie qui éclateront au grès de ses parcours. Nous lui sommes reconnaissants de bien vouloir, nous précédant, éclairer sa lanterne. » Christophe Laloi, né en 1976, ancien étudiant de l’École Nationale Supérieure de la photographie d’Arles.
Amaury da Cunha vit et travaille à Paris. Il collabore au journal Le Monde en tant qu’iconographe et critique littéraire. Il a publié en 2009 un livre de photographies et de textes Saccades aux éditions Yellow Now. Son travail oscille entre l’image et l’écriture. D’inspiration autobiographique, ses photographies cherchent aussi à dépasser le cadre de l’intime. Elles questionnent la fragilité essentielle de notre expérience du monde.