Galerie Le Pictorium 35 rue Sibié 13001 Marseille France
« Venise me fut très vite familière. Elle me rappelait le village médiéval de mon enfance et le silence des ruelles dont l’étroitesse interdit la circulation aux voitures. J’étais à Venise pour la biennale d’art contemporain avec un groupe d’amis. Le soir, les jambes lourdes d’avoir arpenté la ville, nous étions quelques uns à aller se baigner à la plage du Lido.
Quand on traverse la Lagune, du Lido vers la cité des Doges, au crépuscule en été et si le temps est à l’orage, il arrive qu’un spectacle grandiose s’offre à vous. Le soleil couchant se profile juste au dessus de la Sérénissime.
Les nuages noirs viennent du continent. Au dessus le ciel est encore bleu azur. Sous les nuages des rayons dorés touchent la ville d’une grâce divine. En cet instant la menace de l’orage était encore incertaine.
Les quatre éléments : l’air, la terre, l’eau et le feu se matérialisaient avec la force de Turner et la vivacité de Miasaki. L’art académique rejoignait l’art contemporain. La Sérénissime était suspendue le temps d’une éclaircie. La mer semblait de mercure et puis à nouveau s’embrasait. Je capturais émerveillé cette vue.
Ce spectacle m’a envoûté. Il s’est imposé à moi. Je fis des dizaines de clichés négligeant un peu mes camarades. Je me sentais en totale harmonie avec cette beauté qui avait l’air de n’être là que pour moi. Je pouvais ressentir des liens avec des oeuvres de Bill Viola tout comme avec Friedrich, ou encore les peintres Italiens classiques dont les tableaux ornent les églises vénitiennes comme Titien, Tintoret ou Véronèse. Je me sentais exister au coeur d’un monde cohérent, porté par l’harmonie des couleurs dans l’objectif de mon appareil.
La traversée à duré vingt minutes. Le vaporetto a enfin emprunté le canal Grande, et la pluie s’est mise à tomber. Autour de moi les gens s’agitaient sortaient des parapluies, pestaient contre cette pluie en plein été… les autres jours le miracle ne s’est pas reproduit. » Gérard Cambon