Avec l’exposition ‘Les Horizons muets’, la Galerie Orel Art est heureuse de pre?senter, pour la premie?re fois en France, l’œuvre de l’artiste Saint-Pe?tersbourgeois Evgeny Yufit - membre fondateur, a? la fin des anne?es 70, du mouvement Underground et radical le ‘Ne?crore?alisme’. Longtemps rejete? par le re?gime communiste, ce n’est qu’a? partir de 1989 que l’inte?re?t de Pontus Hulten et d’Alexandre Borovski pour ce groupe d’artistes, va permettre la re?alisation des premie?res expositions a? l’e?tranger.
‘Le Ne?crore?alisme est le seul phe?nome?ne en art qui me?rite qu’on parle de lui actuellement.’ C’est ce qu’a de?clare? Peter Weibel, fameux artiste et critique d’art, dans un discours prononce? a? l’ouverture du festival Graz en 2003. Il est vrai que, me?me si de nombreuses cultures contemporaines capitalistes ont dissimule? l’ide?e de notre mortalite?, les origines humaines –tout comme la naissance de l’art et de la culture- sont intimement connecte?es a? la mort.
L’Homme apparai?t sur Terre en apprenant que les gens meurent tous un jour, tout comme lui mourra. Les premie?res œuvres d’art e?taient des tombes, des tumulus et des pyramides. Ce n’est pas un accident que Yufit, le pe?re du Ne?crore?alisme, ait toujours insiste? sur le fait que son art ait un caracte?re e?ternel, en dehors de l’Histoire. Quoi qu’il en soit, le Ne?crore?alisme, en tant que pratique artistique, est apparut a? une pe?riode historique spe?cifique et a sa propre histoire.
Le Ne?crore?alisme a e?merge? dans la pe?riode sombre de l’URSS, lors de l’Ere de Stagnation a? la fin des anne?es 70. En se moquant des ide?aux les plus pre?cieux de la culture sovie?tique –virilite?, he?roi?sme, volonte? de donner sa vie pour la patrie- le Ne?crore?alisme transforme le pathos e?motionnel du Sots-Art en un humour noir brutal. Le Ne?crore?alisme de?tourne l’ide?ologie officielle d’immortalite?, adoptant une approche radicalement diffe?rente de la repre?sentation de la mort dans la vie et de la transformation du corps apre?s la mort.
Yufit commenc?a sa carrie?re non seulement comme re?alisateur et photographe, mais aussi en tant que peintre. Dans des formes diverses et varie?es, ses films ont toujours mis en avant le concept me?me de l’expe?rience. Ses re?fe?rences principales sont celles de l’Avant-Garde cine?matographique, en particulier l’Expressionnisme allemand, le Surre?alisme franc?ais et le cine?ma expe?rimental sovie?tique des anne?es 20 (Fritz land, Wilhem Murnau, Germaine Dulac et Dziga Vertov).
Ses photographies, extraites de ses films, sont marque?es par le the?me du pathos.
Dans ses peintures en noir et blanc, Yufit expe?rimente aussi des pratiques scientifiques a? travers l’hybridation entre l’homme et l’arbre, l’homme et le chimpanze?, en cre?ant ses e?tres zoomorphiques. Ses Zoomorphes forment des chai?nes et des cercles, utilisent des connections orales-anales dans lesquelles la queue d’une cre?ature rentre dans la bouche d’une autre avec la joie du collectivisme. Ce type de situations se retrouve dans ses films et ses photographies, le poteau jouant par exemple, un ro?le similaire a? celui de la queue.