Une série photographique inédite de Ronan Guillou, extraite de son travail sur les Etats-Unis (2002-2010), sélectionnée dans le cadre du Mois de la Photo-OFF.
Odyssée le long des espaces urbains américains, le travail de Ronan Guillou aborde le thème du vide temporaire des espaces, l’état de transition et de l’attente. Dans une atmosphère contemplative et silencieuse, les sujets photographiés existent de façon autonome grâce aux jeux orchestrés de coïncidences esthétiques ou chromatiques.
Berceau d’illusions pour certains, terre de l’accomplissement pour d’autres, géant au pied d’argile dont l’image étrillée peut être aussitôt réhabilitée par le simple fait politique, les Etats-Unis restent aux yeux de Ronan Guillou une interrogation permanente mêlée de visions contradictoires. De manière inconsciente au départ, c’est la volonté d’éprouver le mythe qui l’habite en même temps que l’envie de jouer un rôle sur ce qui était jusque-là une terre de fictions. En quête d’aventure au sens purement romanesque du terme, il expérimente les symboles, sonde le mythe, s’engage physiquement pour tenter de résoudre l’énigmatique envoûtement pour ce pays et sa riche tradition iconographique, à laquelle de nombreux auteurs européens ont contribué. Si ses photographies proposent une vision poétique de l’ordinaire et sollicitent l’imaginaire de chacun, elles nous questionnent sur la temporalité des lieux, révèlent leur puissance presque organique autant que leur fragilité, et nous interrogent sur le rapport de l’homme à l’univers construit.
L’utilisation du moyen format permet à l’artiste de privilégier le contact immédiat avec son sujet tout en restant en prise directe avec les éléments hors-champs. Matière déterminante de l’approche formelle, la couleur est également au coeur du processus de réalisation ; si elle permet de révéler la puissance géométrique des espaces et la dimension poétique de certaines scènes, elle tend également à rendre hommage à l’iconographie traditionnelle américaine.
L’ensemble du travail de Ronan est réalisé en film négatif et aucune retouche n’est apportée aux originaux, laissant le regard du photographe intact et sans déformation.