A propos des vues de Tanger de Jean-Pierre Loubat L’on connaît l’adage de Rodin « C’est l’artiste qui est véridique et c’est la photo qui est menteuse. Car dans la réalité le temps ne s’arrête pas ».S’il est vrai que la photographie, ce nouveau média, pouvait « faire la pige » à la peinture et à la sculpture au 19ème siècle, que dira t’on du cinéma et de la vidéo au 20 et 21 ème siècle, car c’est bien du réel dont il s’agit et le temps garde son mouvement. Spécificité du geste : d’où le cadrage, l’œil et l’esprit, comme le voulait Merleau-Ponty. Les peintres au siècle dernier interprétaient le monde à défaut de le transformer, certains y arriveront : Picasso était un bon photographe, Bacon peignait à partir de photos, pour ne citer que deux transformateurs. Mais laissons cela aux historiens, Lascaux n’est pas la Chapelle Sixtine. Les photographes ont un œil en plus pour témoigner du visage du monde. Je pense aux portraits de Baudelaire par Nadar. Mais revenons à Jean-Pierre Loubat : contrairement à certains de ses contemporains, Jean-Pierre garde l’intime noir et blanc à nos dimensions les plus humaines. Loin des grandiloquences pseudo picturales, la nature se pose devant nous comme un regard intérieur. C’est une invitation : toucher les murs de ces ruelles, suivre ces terrasses et ces toits plus clairs. « C’est donc l’Être muet qui lui-même en vient à manifester son propre sens » Merleau-Ponty Rendez-vous à Tanger : allez-y voir, si vous ne me croyez pas. Octobre 2010 Alain Truel « Tanger : l’esprit des lieux » Jean-Pierre Loubat est un photographe des lieux, il scrute les architectures, les pierres, les objets comme s’il s’agissait de personnes dotés d’une âme et qui n’auraient de cesse de nous interroger sur notre identité. La série photographique qu’il a réalisée à Tanger s’inscrit dans la continuité d’une précédente série : exploration minutieuse des lieux qui avaient inspiré Marcel Proust pour écrite son roman « A la recherche du Temps perdu » . La démarche du photographe, ici concentrée sur une unique ville, est identique : saisir son âme, sa densité, l’intensité émotive qu’elle nous procure. Pour découvrir Tanger il faut y déambuler patiemment, la parcourir en tous sens aux différentes heures du jour et de la nuit, aller au-delà de l’exotisme, des clichés éculés qu’elle véhicule. C’est dans cet esprit que le photographe est parti à sa rencontre. Il nous révèle alors la poésie et la photogénie d’une ville rendue à ses chimères, suspendue dans un temps et dans un espace intérieur. Sa vision d’une cité presque déserte laisse apparaître la pulsation intime de Tanger. Les devantures sont baissées, les ombres s’étirent dans une atmosphère de fin de journée, les cimetières sont envahis par les herbes, les draps flottent au vent comme des fantômes. Le temps semble s’être figé, comme les silhouettes de pierre au fronton du théâtre Cervantès. Martine Guillerm
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