
Dale Smith Gallery 137 Beechwood Ave. in New Edinburgh Canada
Des enfants qui "jouent au 11-Septembre" avec un avion miniature, une fillette en treillis à côté d'un enfant cagoulé et d'un autre nu, rappelant les tortures d'Abou Ghraïb: l'exposition d'un photographe canadien pose sur les grands événements un regard enfantin qui dérange.
Avec son exposition "In the Playroom" ("Dans la salle de jeu") présentée dans une galerie d'Ottawa jusqu'à dimanche, Jonathan Hobin a voulu interpeller le public sur l'impact qu'ont les médias sur les plus jeunes.
De la mort de la princesse Diana en 1997 au tsunami qui a frappé l'Asie en 2004, en passant par la menace nucléaire du dictateur nord-coréen Kim Jong-Il, l'artiste présente 12 photos ayant pour personnages principaux des gamins, et pour décors leurs chambres.
L'idée ne plaît pas toujours au public parental.
"Les enfants ont toujours pris ce qu'ils voyaient dans la vie et l'ont incorporé dans leurs jeux. Le jeu est l'outil qu'ils utilisent pour grandir et comprendre le monde qui les entoure", explique à l'AFP Jonathan Hobin.
"Tout ce que j'ai fait, c'est exagérer la réverbération du monde que voient les enfants", se défend le photographe, jusque-là inconnu du grand public.
Le cliché le plus marquant, et controversé, est sans nul doute "The Twins" ("Les jumeaux"). Capuche sur la tête et regard sombre, un jeune garçon dirige une maquette d'avion vers deux tours faites de briques en bois, d'où sautent des petits personnages. Assis lui-aussi sur le drapeau américain, un blondinet coiffé d'un casque de pompiers tient un camion à échelle dirigé vers celle en feu.
Cette parodie des attentats du 11 Septembre 2001 a suscité de nombreuses critiques envers l'artiste canadien, de la part de patriotes comme de parents offusqués de voir des enfants servir de mannequins pour ce projet.
Les photos d'enfants provoquent souvent "de grandes inquiétudes", note la conservatrice du Musée canadien de la photographie contemporaine, Andrea Kunard.
"Mais en ressortant certaines questions, peut-être pouvons-nous être mieux conscients de ce qui est en jeu dans certains sujets et trouver des manières de parler de ce que nous voyons", croit-elle.
Le photographe l'admet: "les enfants ne devraient pas voir" les images de guerres, de désastres naturels, de faits divers sordides. "Mais c'est pourtant le cas, et j'essaie de lancer un dialogue sur ça", explique M. Hobin.
"La vie des jeunes qui grandissent dans le monde de l'après 11-Septembre est façonnée par ces (images)", conclut-il.
Michel COMTE (AFP)