Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions

ABBEVILLE Musée Boucher-de-Perthes Collégiale Saint Vulfran École des beaux-arts les collections du musée Boucher-de-Perthes et un travail de Bernard Ollier s'expliquent s'accordent s'affrontent se réconcilient se regardent entrent en résonance se toisent s'ignorent… Le double d'ombre du musée Ce que l'on perçoit d'emblée de l'exposition de Bernard Ollier, ce sont de minuscules carrés noirs à peine plus grands que des cartels et disséminés dans tout le musée. Sur leurs petits pupitres, ils semblent flotter à hauteur du regard, comme en suspension un peu partout, mais leur positionnement systématique devant les œuvres et à bonne distance d'observation leur assigne le rôle de médiateurs pour le regard : dispositifs optiques, instruments de visée, bornes d'orientations… À les regarder de plus près cependant, on voit bien vite que ces petits carrés ne sont pas tout à fait noirs. Ce sont plutôt des espèces d'images radiographiques qui conduisent à penser qu'il y a entre ces dernières et les œuvres plus qu'une simple relation spatiale. Mais quoi ? Chaque image représente-t-elle un détail de l'œuvre devant laquelle elle est installée ? Montre-t-elle le reflet qui, justement, empêche de la voir ? Désigne-t-elle autre chose ? N'anticipe-t-elle pas plutôt, en une archéologie inversée, l'apparence que l'œuvre pourrait avoir dans 1000 ou 2000 ans ? Toujours est-il que le regard du spectateur doit faire enquête pour découvrir les raisons (à chaque fois différentes, en fait) pour lesquelles ces sortes d'images grises, presque noires, ont été postées ainsi devant les œuvres… et même quelquefois devant rien, semble-t-il, devant des objets plus ou moins insignifiants, devant des murs nus… … pour finir par créer comme un double, le double d'ombre du musée. Le regard indirect Cette proposition met en action un regard indirect. Tout à coup, une œuvre n'est plus regardée pour elle-même, mais en fonction d'une autre, et cette autre, quasi imperceptible, procèderait un peu comme le ferait un guide aveugle ! Le regard fait appel à un intercesseur qui, à première vue, n'a que très peu de chose à voir avec ce qu'il prétend présenter et avec ce dont il prétend être une manière d'équivalent… Le regard devra alors procéder par va-et-vient, confrontation et par tout un jeu d'explorations croisées. Bernard Ollier risque le pari que le visiteur sera ainsi conduit à dépasser le champ de la seule représentation, à aller un peu au-delà ou en deçà de ce que l'on voit d'ordinaire, jusqu'à approcher la sensation de ce qui s'opère dans l'acte même de percevoir, comme si la perception avait des couches profondes dans lesquelles on pouvait pénétrer. Ce serait là, si l'on veut, façon de viser une archéologie de la perception.