in camera galerie 21, rue Las Cases 75007 Paris France
Arrivé à Los Angeles en 2002 avec des yeux d’européen, j’avais en tête une quantité d’images inspirées de films noirs comme “Asphalt Jungle” réalisé par John Huston ou “The Big Heat” réalisé par Fritz Lang et de livres comme ceux de Raymond Chandler, Michael Connely, James Ellroy.
J’ai commencé à rechercher les traces de ce LA mythique pour arriver à une triste évidence : il n’existait plus.
A-t-il vraiment existé? Était-ce juste une illusion cinématographique? Los Angeles est une ville sans mémoire. Ce qui ne sert plus est abandonné et détruit, puis remplacé par de l’utile, du rentable, et cela immédiatement.
Le motel art déco où les Marilyn, Gable et consort s’encanaillaient est devenu une station-service. Les cinémas avec leurs néons multicolores cèdent la place à des multiplexes cubiques, et même les voitures américaines ne sont plus américaines!
Tout disparaît à un rythme effréné pour renaître en un temps record dans une anarchie urbanistique impressionnante. Los Angeles, cette non-ville au sens européen du terme, ne ressemble donc à rien. Un piéton y est même suspect car ici, on ne marche pas.
J’ai donc décidé devant ce vide effarant de photographier “avant destruction”, mais surtout de reconstruire mon mythe, pièce par pièce, avec l’aide de mes souvenirs cinématographiques de cet “American Dream” qui me fit tant rêver, il y a longtemps dèja.
Pour réaliser ce projet, j’ai utilisé un sténopé afin obtenir des matières, des formes identifiables sans aucun piqué ou netteté, pour jouer avec cette lumière pure qui touche directement le film de cet appareil sans objectif, pour effleurer le symbole californien et aller vers ce mythe accessible seulement en deux dimensions.
Et pour améliorer les résultats de ce sténopé qui donne des négatifs bien trop doux, j’ai réalisé des tirages Lith qui donnent des noirs profonds et de belles hautes lumières, puis j’ai effectué un double virage sélénium et polysulfide pour donner des couleurs et du relief à ces tirages uniques.
Guillaume Zuili, juillet 2010