
Il y a quelques années encore, Aung San Suu Kyi chef de file de l'opposition birmane et prix Nobel de la paix en 1991 déconseillait aux Occidentaux de se rendre en Birmanie dans le but de boycotter les intérêts de la junte militaire au pouvoir. Depuis, la Dame a sensiblement changé d'avis. Elle déclarera en effet que même si la Birmanie n'est pas prête à accueillir un tourisme de masse, la venue d'Occidentaux désireux d'aller à la rencontre du peuple birman serait désormais souhaitable et pourrait aider à l'évolution des mentalités. Après des années d’hésitation, je décide donc finalement de rendre visite à ce pays d'Asie encore méconnu, coincé entre l'Inde, le Bangladesh, la Chine, le Laos et la Thaïlande. Replié sur lui-même et suspendu dans le temps, ce pays est empreint d'une profonde religiosité. Le bouddhisme y est omniprésent et imprègne tous les gestes du quotidien. Il aide à faire face aux difficultés de la vie et à l'incertitude du lendemain. Il donne aux Birmans force et sagesse. Rebaptisé Myanmar en 1989 par la junte, le pays présente une très grande diversité ethnique : les Birmans ou Bamars, descendants Mongols, sont l’ethnie majoritaire et sont installés sur les rives fertiles du fleuve Irrawaddy, les Rakahines et les Rohingya, ethnies musulmanes de l’ouest originaires du sous-continent indien dont beaucoup sont installés dans l’ancienne capitale Rangoon, les Shans du nord-est, les Karens et les Môns venus de Thaïlande.... Mais quelque soit leur appartenance ethnique, l'extrême curiosité des Birmans envers l’étranger, leur accueil chaleureux et leur gentillesse authentique sont des constantes qui ne peuvent laisser le voyageur indifférent. S’il y a pour moi un intérêt au voyage, c’est bien celui d’aller à la rencontre des gens. Des trottoirs de Rangoon et de Mandalay à la plaine de Bagan, des rives de l'Irrawaddy à celles du lac Inle jusqu'aux Etats Môn et Karen plus au sud, l'homme et sa réalité s'imposeront à moi et seront, peut-être plus que n'importe où ailleurs, la seule raison de ma présence dans ce pays. Ces quelques photographies, qui, d'un lieu à l'autre, présentent quelques instants de vies, se veulent un hommage modeste à un peuple qui, rappelons-le, reste à ce jour opprimé par une des dictatures des plus répressives. Rangoon (Yangon), mars 2010.
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