
Il existe peu d’ouvrages de synthèse en langue française sur ce mouvement protéiforme, sans doute parmi les plus novateurs et les plus spectaculaires de la seconde moitié du XXe siècle, qu’est le happening ou la performance. À un moment où la mémoire des happenings des années 1960-1980 s’est déjà figée en un certain nombre de récits canoniques, Sophie Delpeux se propose de recontextualiser ces pratiques performatives. Elle réexamine ainsi les productions d’artistes aussi différents que Vito Acconci, Valie Export, Michel Journiac, Gina Pane, Chris Burden, Orlan, Rudolf Schwarzkogler, Allan Kaprow, Carolee Schneemann ou Bruce Nauman. Loin des clichés ou des mythologies, elle revient sur l’importance du « geste photographique ». Elle interroge son statut ambivalent entre œuvre ou document, comme elle interroge celui du corps visible de l’artiste, ou les genres divers auxquels ses images empruntent de la peinture à l’image de presse, en passant par celle de la « réclame ». Sophie Delpeux saisit dans cet essai l’idéologie d’une époque, ses mythologies, des bribes de son histoire, mais aussi une manière singulière de perturber le modèle classique de la représentation. Se bâtit avec ces images à la fois une poétique de la disparition et les bases de la photographie contemporaine.
Sophie Delpeux est maître de conférences au Centre Interuniversitaire de Recherche en Histoire de l’Art Contemporain (CIRHAC) de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Auteur de nombreux articles sur le thème de la performance et du happening, elle a participé des ouvrages collectifs comme La Performance (Presses Universitaires de Rennes, 2010) et Gina Pane (Les Presses du Réel/FRAC Pays de la Loire, 2010). Elle prépare également l’ouvrage Le cadre de l’art est dans nos têtes. Itinéraires d’Allan Kaprow, (Les Presses du Réel, 2010).