LES RENCONTRES PHOTOGRAPHIQUES DE DUNKERQUE ont le plaisir de vous convier au vernissage de l’exposition SILENCES URBAINS photographies de Fausto Urru le samedi 18 septembre 2010 à 17h00 en présence de l’auteur Exposition visible du 21 septembre au 18 décembre 2010 à la MJC de Rosendaël Château Coquelle, rue de Belfort, 59240 Dunkerque Horaires : les mardi et jeudi de 14h à 19h, les mercredi et vendredi de 9h à 12h et de 14h à 19h ; le samedi de 14h à 17h. Renseignements : 03.28.63.99.91 - mjcrosendael@yahoo.fr SILENCES URBAINS - TEXTE DE PRESENTATION Si la ville est un «livre de pierre», comme Victor Hugo a défini Paris dans le roman Notre-Dame de Paris, nous avons malheureusement perdu la capacité de déchiffrer cette ancienne écriture. Ces paroles nous semblent mortes. Un silence frappe les places et enveloppe les rues. Un silence qui glisse, pierre après pierre, jusqu’à enrober la totalité de la ville. Brouillard perçu, dense, étendu. Tout est immobile, impassible au flot des passants. L’espace peut être vécu, signifié et symbolisé, certes ; mais aussi tout simplement traversé. Un manque de dialogue creuse alors des fentes imaginaires, laissant apparaître les tâches de l’oubli, de l’ennui et de l’indifférence. Une lente dynamique qui rouille ces fers tordus et ronge ces pierres taillées. La ville est rapidement consommée comme n’importe quel autre produit. Il s’agit ici de lieux qui se décomposent, d’espaces de transit détachés de notre système symbolique. Froid et sombre, cet univers urbain est de temps en temps scandé par une subtile incompréhension : telle une lumière pâle qui brille, se posant sur la peau tendue de ces lieux. Je poursuis depuis plusieurs années une interrogation photographique à propos du rapport entre les individus et l’espace. Les sciences humaines (et l’anthropologie en première ligne) se sont souvent interrogées sur la relation qui lie les personnes et leur environnement ; elles ont bien montré qu’il existe un rapport, fécond et reciproque, dans lequel les deux composantes se nourissent et se modifient tour à tour. Il s’agit d’un dialogue créatif, viscéral et quotidien. L’individu dans l’espace, donc ; mais aussi l’espace dans l’individu. Si on se penche sur les espaces symbolisés par une communauté, on découvre qu’ils sont tels parce que les habitants ont projeté dans l’espace commun une grille symbolique qui rend ces lieux familiers car cette grille est partagée et reconnue comme telle par tous les habitants, ce qui génère le sentiment de partager un même lieu, d’avoir une identité commune. Toutefois, il n’y a pas toujours de dialogue ou d’identité. L’espace peut être vécu, signifié et symbolisé, certes ; mais aussi tout simplement traversé. Aujourd’hui, que reste-t-il de cette capacité d’antan d’organiser et symboliser l’espace quotidien ? Souvent on a l’impression d’un sentiment diffus d’indifférence envers l’environnement physique qui s’étend sous nos pieds. Condensée en 2010 dans l’exposition « Vie est espaces – Fragments d’un écart » au Centre Régional de la Photographie Nord Pas-de-Calais, cette interrogation me suit partout où je vais. Je creuse dans l’écart qui se crée entre les hommes et les lieux, dans ces zones de frontière où cette relation se brouille, s’efficloche ou se coupe. Cette réfléxion a commencé à émerger dans les rues de Bruxelles tout au long de mes études. La ville était alors un terrain vague dans lequel flâner comme Walter Benjamin le faisait à Paris le siècle passé. Ce dialogue syncopé et pâle était parfois ravivé par une rencontre fortuite. Depuis lors, toujours en argentique et en noir et blanc, je cherche à dénicher les morceaux d’« ailleurs » qu’il y a derrière cet « ici et maintenant ». C’est une perpétuelle aspiration, une tension constante vers le lieu où cette antinomie se dissout : dans l’écriture photographique. Fausto Urru
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