La Librairie Photographique 17, rue de la villette 75019 Paris France
Mois Off de la Photo 2010 - Ico?nes
Vernissage le mercredi 8 septembre 2010 de 18h30 à 21h
Exposition du 8 septembre au 5 octobre 2010
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Tout commence par la recherche ou la découverte d’un paysage qui me permettra d’exprimer au mieux cette idée d’animisme.
J’essaie le plus souvent d’avoir un élément du paysage sur lequel je puisse poser l’icône. Ensuite, lors de la prise de vue en studio, je recréer la ou les formes sur lesquelles elle doit être posée dans le décor afin de pouvoir l’intégrer le plus naturellement possible. Il en est de même pour la lumière.
Dans la progression de la lecture des images, il faut considérer que la première est celle de l’icône dans la grotte, c’est elle la référence. Elle peut être l’image de l’icône traditionnelle. Celle qui devrait rester la dernière est l’icône avec le coeur de l’écorché qui doit permettre à ceux qui n’ayant pas saisi l’importance de la présence du coeur de faire une relecture de l’ensemble des photographies. Le coeur est le matricule de l’image.
J’ai commencé mon travail en 2008 et compte le poursuivre au gré de mes découvertes de décors à travers le monde. Dans mes projets : la folie des chantiers de Dubaï, le fourmillement de Hong-Kong. Ce travail est en perpétuel progression, en parallèle avec des variations de notre société.
Nouvel animisme de notre urbanité
« Enchantez la vulgaire réalité »écrivait Apollinaire. Ce à quoi semblent faire écho ces frèles adolescentes comme tombées par effraction dans un monde qui n’était pas le leur mais dont elles prennent possession, presque sur la pointe des pieds, le regard droit devant elles, nuque parfois de côté.
Elles sont pourtant sereines, auréolées d’une sainteté qui paraît irréelle dans les lieux où elles se manifestent : piste d’atterrissage, périphérique, parking de supermarché, tunnel de métro...Aussi irréelles que ces lieux qui n’en sont pas ou sont plus exactement les non-lieux bien réels de notre urbaine modernité. Elles se tiennent là, en contact avec un monde qu’elles ont réduit à l’échelle d’un barreau comme portées par la grâce aérienne des oiseaux dont on chercherait en vain dans le pli des drapés quelques traces de polychromies.
Car elles sont bel et bien vivantes. Et elles sont d’autant plus présentes que leur immobilité contraste avec ce monde qui, lui, ne semble être là que de passage. Audacieux renversement de perspectives – le monde passe, nous restons - dont seuls sont capables les adolescents avant que ne leur soit inoculé cette raison qui empétre. Mais que signifie ce cœur, sorte de matricule ventricule, que chacune arbore et qui prend la matière, la couleur du milieu dans lequel il se fond : plumes d’oiseau pour l’une, étiquettes de produits de consommation pour l’autre ?
En « réincoeurporant » ces espaces désincarnés où s’éprouve solitairement de plus en plus durement la communauté des hommes, ne nous invitent-elles pas à penser à nouveau le territoire comme un corps humain ? Nouvel animisme qui à force d’être chassé de la nature se refugierait dans notre envahissante urbanité ?
Tendre un cœur au cœur de ces non-lieux, c’est finalement en chercher les battements qui pulseront notre imaginaire pour faire en sorte que celui-ci ne se rétrécisse pas à mesure que croissent ces non-lieux. Ces jeunes filles en auront-elles le pouvoir ? C’est le pari que fait Jean-Paul. En tout cas, il nous prouve déjà qu’elles ont le cœur à l’ouvrage.
Philippe Pataud-Célérier.
