Alain Delorme nous offre à travers sa nouvelle série, Totems, une vision singulière de la Chine à l’heure de l’Exposition Universelle, exposée du 4 au 25 septembre 2010 à la galerie Magda Danysz. Fruit de deux résidences artistiques à Shanghai, soutenues par la Ailing Foundation, ce travail traduit la fascination du photographe pour les chargements des migrants, tous ces produits « made in » accumulés formant de drôles de sculptures insolites, symboles d’une certaine fétichisation des objets.
Raphaële Bertho, historienne de la photographie, écrit à propos de Totems « ces travailleurs traversent la ville charriant des amoncellements improbables. Ces colonnes précaires faites de cartons, de chaises, de bouteilles ou de pneus apparaissent comme les nouveaux totems d’une société en pleine transformation, à la fois usine du monde et nouvel eldorado de l’économie de marché. » Leur verticalité entre en écho avec l’expansion incessante de l’espace urbain, constamment en chantier. Le photographe donne une nouvelle vision empreinte d’humour et de poésie à leurs porteurs, oscillant entre super héros et fourmis à l’impressionnant fardeau. Loin des traditionnelles photos de masse, il les traite dans leur individualité et leur unicité, face à tous ces objets identiques et interchangeables.
Derrière le ciel bleu et les couleurs vives et acidulées de ce nouveau rêve chinois, on retrouve la patte de l’auteur des Little Dolls. De ce portrait en apparence lisse se dégage une « inquiétante étrangeté ».
« Loin d’un hymne au matérialisme, ces images mettant en scène la surabondance des objets basculent presque dans l’absurde et laissent entrevoir la complexité d’une société en train de se réinventer.
Figure incontournable de la scène contemporaine suisse, Christian Gonzenbach est l’un des artistes les plus plébicités du moment. Lauréat du prix de la fondation Irène Reymond et du prix Swiss Artists in Lab programme en 2009, on l’a vu récemment présenter son Crane de mortadelle au Musée Maillol lors de l’exposition C’est la vie ! Vanités de Damien Hirst à Caravage ou exposer à l’Abbatiale de Bellelay.
Créateur de mondes métaphoriques et merveilleux : Christian Gonzenbach façonne les vanités avec audace. Dans cette exposition, il présente Homo ab ovo, un crâne composé de coquilles d’oeufs. Si la vanité suggère que l’existence terrestre est vaine, et la vie humaine précaire, Christian Gonzenbach en rappelle également la fragilité par l’utilisation d’un tel matériau.
Observateur attentif du quotidien, le point de départ de son travail est souvent une situation ordinaire, un état insignifiant, ou un objet usuel et banal tel le papillon dans l’oeuvre Burned firefly. Il explore malicieusement le potentiel de mutation offert par ces éléments pour créer un environnement tragique ou ironique, toujours extraordinaire. Christian Gonzenbach déclare : « Ma recherche est d’explorer cette frontière ténue entre le normal et le bizarre, là où le monde perd son sens et bascule dans l’absurdité, le loufoque ou le poétique. » A la fois vidéaste, photographe et plasticien cet artiste accompli conçoit des mondes invraisemblables, où il nous dévoile des éléments du quotidien entre rêve et cauchemar.