Galerie Martine Thibault de la Châtre 4 rue de Saintonge 75003 Paris France
Chaque année, au mois de septembre la galerie Martine & Thibault de la Châtre, en collaboration avec David Rosenberg (auteur et commissaire indépendant) vous donne rendez-vous avec : « Youpi, c'est la rentrée ! », une exposition consacrée à de jeunes artistes contemporains.
Le deuxième chapitre de Youpi, c'est la rentrée ! : « Mantras, Moqueries, Monstres et Mutations » se caractérise par un fort tropisme asiatique.
Mantras (arme ou outil de l'esprit en sanskrit) : Charwei Tsai, artiste d'origine taiwanaise vit et travaille de manière itinérante. Elle laisser infuser la spiritualité qui l'habite au coeur du monde de l'art contemporain où ses actions éphémères laissent une trace durable dans l'esprit de celles et ceux qui ont la chance de croiser son chemin. Elle travaille avec des matières naturelles périssables (fleurs, fruits, tofu, champignons…) ; les plus à même, selon elle, d'exprimer le caractère transitoire de l'existence. L'écriture dont elle les recouvre, telle une sanctification ou un sortilège, manifeste la pensée immanente à toutes ces choses muettes qui nous entourent.
Moqueries : Wang Taoran et Wu Wenwen, tous deux nés en Chine, vivent et travaillent en couple à Paris.
Leur matériau, ce sont les « petits riens » de la vie, le quotidien, le banal et le dérisoire ou bien les humeurs changeantes, qui une fois passés au crible de leur philosophie ironique se transforment en autant de petits joyaux poétiques déroutants. Photos, vidéos, sculptures, installations, objets : entre empathie et distance, ils affirment implicitement qu'il n'y a pas de « sujet » en art, mais simplement des « points de départ » suscitant d'improbables errances ou des « points de fuite » induisant de nouvelles perspectives.
Monstres : Des « Godzillas » furibards, des vilains qui mangent des immeubles, des affreux crachant flammes ou fumée et des sauveurs impeccablement harnachés. Ce sont les « macropopes » de Pierre La Police, le plus japonais de nos artistes hexagonaux. C'est beau et aberrant comme l'apparition d'un mutant au détour d'un rayon surgelé d'une superette de n'importe quelle rue de n'importe quel quartier de n'importe quelle mégalopole… avec une prédilection toutefois pour le dédale de boutiques du quartier de Nakano à Tokyo ; là où pullulent figurines, jouets, collectors, vieux mangas et films de série Z aux scénarii improbables.
Mutations :Une sculpture d'Aiko Miyanaga est comme un film au ralenti, comme une vidéo dont le temps s'étirerait indéfiniment. Cette artiste d'origine japonaise réalise des moulages d'objets en naphtaline (des chaussures, une paire de jumelles, un réveil-matin, une robe…). Mises sous cloche et éclairées, ces sculptures irradiantes de lumière s'évaporent imperceptiblement sous notre regard, se transformant en une bruine de cristaux. Telles des horloges sans aiguille qui n'indiqueraient aucune heure précise, elles suggèrent simplement l'écoulement du temps. Selon Aiko Miyanaga, si aucune forme ne perdure dans la matière ; elle peut, en revanche, vivre indéfiniment dans nos mémoires.
Mantras, Moqueries, Monstres et Mutations : un périple à quatre destinations.
David Rosenberg