Les Rencontres d'Arles 2010 34 rue du docteur Fanton 13200 Arles France
Atelier des Forges / Parc des Ateliers 13200 Arles France
La question de l’identité touche tous les aspects de mon travail, quel que soit le média utilisé : peinture, photographie, sculpture, vidéo. L’identité de chaque individu se forme à partir de nombreuses identités disparates, voire contradictoires. La priorité que nous donnons à une seule de ces identités sur toutes les autres dépend du système de valeurs que nous adoptons. J’examine la multitude de façons dont les préjudices peuvent nous atteindre et limiter dangereusement notre aptitude à nous comprendre les uns les autres.
Les sujets de mes peintures ne présentent aucun contexte – coiffure, vêtements, posture, entourage – qui pourrait les situer dans une époque, un lieu ou une classe sociale spécifique. S’ils évoquent des personnages masqués, ils sont paradoxalement dénués de tout élément qui pourrait normalement faire office de masque. Le spectateur doit faire l’effort de les comprendre à un niveau purement humain.
L’installation Shadow of Doubt ( L’ombre du doute ) est constitué d’un portrait unique de nombreux individus.
Une vidéo qui morphe des images d’hommes et de femmes de tous âges et ethnies est projetée sur un portrait à l’huile sur toile, créant ainsi des identités hybrides en transformation constante. Ici, un contexte en mouvement est partiellement réintroduit et joue le rôle de l’élément de discrimination qui modifie notre lecture de l’image.
La surimpression des images n’est pas toujours perçue comme telle et le spectateur demeure incertain quant aux éléments qui créent la différence entre les sujets de par leur transformation. Shadow of Doubt cherche à établir si les caractéristiques de ces personnages différents, leur « masque », ce lieu où se situe notre identité, du moins psychologiquement, définissent bien notre perception de celle-ci, ou si nous sommes influencés par d’autres éléments tels que le genre, l’ethnie, la religion, l’âge, voire l’attitude, le poids ou la coiffure.
Un mélange de sexes, d’âges et d’ethnies, mais aussi une influence à multiples sens entre les différentes ambiances, techniques et sons.
L’installation est accompagnée d’une bande-son bicéphale qui tire le spectateur dans deux directions très distinctes : un chant sacré d’Hildegarde de Bingen, une mystique de l’an 1000, superposé à un tube de variété des années 1980, Touch Me par Samantha Fox.
La série de photographies qui complète l’installation est le résultat de la juxtaposition des images obtenues par les trois différents médias. La vidéo est projetée sur une toile peinte, qui est à son tour photographiée et tirée.
Le tirage final mêle les éléments des différents portraits et supports en une image unique, ce qui a pour effet de rendre quasiment impossible l’extraction de l’une des composantes. Il en résulte une série de portraits crédibles, c’est-à-dire des images que notre cerveau interprète comme des entités cohérentes, toutes très différentes les unes des autres, mais qui, à y regarder de plus près, possèdent toutes exactement les mêmes traits. Tous différents et pourtant tous les mêmes : une direction que le monde semble prendre peu à peu.