Hagalleria 25 rue Dauphine 75006 Paris France
Mois de la photo 2010 Point information 5,7 rue de Fourcy 75004 Paris France
Didier Ben Loulou mène depuis plusieurs années à Athènes une recherche dont sa nouvelle série de photographies est le résultat. Bien que sa démarche s’inscrive profondément dans le réel, il demeure fidèle à son inspiration première, refusant de travailler dans l’immédiat et l’urgence, récusant l’idée même de reportage.
Depuis plusieurs années il arpente ce haut lieu de civilisation pour y entrevoir les restes de l’Attique ancienne tout en confrontant celle-ci à la modernité. Il fait de la pollution, de la destruction, de l’immigration de masse les véritables enjeux d’une mise en perspective qui va des ruines antiques à ces nouveaux territoires sur lesquels vivent et travaillent des populations d’immigrés qui côtoient les gens du voyage. Ce sont des centaines de milliers d’êtres qui n’ont d’autre choix que de s’installer à la périphérie d’Athènes, troquant, vivant de petits métiers, servant de maind’oeuvre, facile et interchangeable, à toutes les mafias. Ils représentent une population de plus en plus nombreuse, parallèle, mouvante, difficile à identifier tant au plan humain qu’au plan économique. Ces êtres déracinés par les guerres, les famines, le réchauffement climatique sont les nouveaux nomades de nos sociétés. Ces « gens du voyage », ces nouveaux migrants, réfugiés de l’Histoire en marche, se mélangent aux habitants les plus pauvres et les plus démunis. Cette rupture radicale, profonde, s’opère à une vitesse vertigineuse ; elle a pour visage la honte, l’errance et le déracinement. Tandis qu’ils ne possèdent plus en propre pour survivre qu’un corps corvéable. La ville d’Athènes, lieu par excellence de civilisation et de culture, est devenue une sorte de paradigme de cette mutation radicale.
Didier Ben Loulou en fait un nouveau domaine d’enquête, davantage social, propice à une exploration de la « marchandisation » des êtres et des corps, de l’exil, de l’errance et de la pauvreté. Comme à Jaffa (1983/1989), à Jérusalem (1991/2006), le photographe n’a de cesse de questionner les mythes fondateurs des villes en confrontant ceux-ci à l’incertitude et à la fragilité du monde moderne.
La Mep prête une oeuvre issue de sa collection et choisie en regard de l’exposition.