Galerie Karsten Greve 5, rue Debelleyme 75003 Paris France
Mois de la photo 2010 Point information 5,7 rue de Fourcy 75004 Paris France
La galerie Karsten Greve présente une exposition consacrée à la photographe Sally Mann, sous la forme d’un parcours rétrospectif des différentes étapes du travail de l’artiste à travers des photographies réalisées depuis le milieu des années 1990 jusqu’à nos jours. (Deep South 1996-1998), (Battlefields 2000-2002), (Faces 2004) et (Proud Flesh 2004-2009).
Depuis ses débuts, Sally Mann est restée fidèle à son principe de photographier son environnement proche, qu’il s’agisse des paysages du Sud des États-Unis, où elle vit depuis son enfance, ou de sa famille. Elle y évoque des thématiques universelles telles que l’enfance, la mémoire ou le rapport à la mort. Ce caractère intemporel est significatif des paysages qu’elle réalise à la fin des années 1990 avec la série « Deep South ». Photographiant sa région natale, le sud profond des États-Unis, Sally Mann nous fait découvrir des paysages apparemment paradisiaques, par leur abondance et la luxuriance de la végétation, reflétant une certaine douceur et la moiteur du climat. Cependant cette campagne vide de toute présence humaine évoque aussi le passé trouble de cette région, ancienne terre d’esclavage.
Sa manière de photographier, mais aussi l’emploi de techniques anciennes, aboutissent à un rendu qui donne un caractère très plastique voire pictural à ses photographies. Ayant utilisé la chambre pour ses photographies précédentes, puis différents procédés de virage notamment dans la série « Deep South », Sally Mann se tourne au début des années 2000 vers la technique du négatif au collodion humide. Outre le caractère plastique si singulier que cette technique ancienne procure aux photographies de Sally Mann, elle permet d’extraire ces images du monde strictement contemporain pour les placer hors du temps. Ce procédé devient sa technique de prédilection pour les années à venir.
À partir des années 2000, Sally Mann se consacre à un projet intitulé « What Remains ». Regroupant plusieurs séries, cet ensemble compose un corpus traitant de la disparition, de la décrépitude et de ce qui reste, à la manière d’une réflexion sur la vie et la mort. A travers des vues d’anciens champs de batailles de la guerre de Sécession, la série « Battlefields » forme un ensemble de paysages sombres qui évoque la noirceur de l’histoire passée du Sud des États-Unis. Tout en nuances du gris sombre au noir, les images retracent le cheminement de l’artiste sur les différents lieux de bataille sur lesquels elle a côtoyé les vestiges des ossements et des âmes de ces soldats disparus et dont ses photographies évoquent la mémoire. Pour clore ce travail, Sally Mann réalise en 2004 une nouvelle série de portraits de ses enfants devenus de jeunes adultes. Cette fois en très gros plan, les visages, terrifiants et fascinants à la fois, captent une expression énigmatique.
Depuis 2004, Sally Mann a mené avec la série « Proud Flesh » un travail photographique sur le corps de Larry, son mari. Photographiant des sections de son corps presque à la manière de paysages, elle révèle par son approche photographique la profonde relation entre une femme et un homme donnant à voir toute une gamme d’émotions allant de la franchise à l’érotisme, de la tendresse à la brutalité, des extraits de corps lieu d’un autre champ de bataille.
La Mep prête une oeuvre issue de sa collection et choisie en regard de l'exposition.