
« Quand j’essaie de me souvenir quelle petite fille j’étais, à quels jeux je jouais, « cachette » est le premier mot qui me vient en tête. Maison imaginaire faite de draps tendus sur le balcon de l’appartement à Marseille, cabane construite dans le coin le plus reculé du jardin ariégeois, tiroir secret dans mon bureau … Il s’agissait surtout de protéger un monde rêvé en solitaire, des autres, spécialement des adultes. C’était très important. Je pense que nous nous souvenons tous de l’excitation que nous ressentions une fois la porte de notre chambre fermée, seuls avec nos jouets, seul sous notre tente en draps sur le balcon, dans la cabane, une fois éteintes les lumières du monde réel et ennuyeux. Nous pouvions enfin nous laisser glisser dans nos propres mondes, nos mondes imaginés. C’est précisément cet état d’esprit que l’artiste essaie de garder, lui qui a tant besoin de se sentir bien, alors qu’il crée souvent dans la solitude. Aussi, il est amusant de comprendre, une fois adulte, toute la naïveté de nos petites cachettes d’enfant. Car aucune de ces cachettes n’étaient véritablement inconnues des adultes. Et c’est ici qu’une autre notion importante pour l’artiste émerge. Celle de la liberté de faire, de s’évader, de voir les choses autrement. Cette série de photos représentent des mondes imaginés, tels qu’ils pourraient l’être par un enfant, dans son habitat familial, sur des supports simples et courants qui l’entourent, tels que le matelas.