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Depuis plus de cinquante ans, le photographe Eikoh Hosoe a crée une oeuvre qui démontre une maîtrise unique de la technique photographique. Au début de sa carrière, il a abandonné le style documentaire dominant de l’après-guerre pour une photographie imprégnée d’un sens de l’expérimentation et de liberté. En faisant appel à la mythologie, la métaphore et le symbolisme, il a créé des images au-delà des limites de la photographie traditionnelle.
Le style de Hosoe se situe à l’intersection de plusieurs domaines différents, combinant la photographie avec des éléments du théâtre, de la danse, du cinéma et de l’art traditionnel japonais. Il continue jusqu’à ce jour de repousser les limites de l’expression photographique. La carrière de Hosoe a été lancée à la fin des années 1950 avec la série Man and Woman (1959). Grâce à l’écrivain Yukio Mishima, Hosoe rencontra Tatsumi Hijikata, l’un des fondateurs de la danse butô.
Depuis le début de sa carrière, Eikoh Hosoe a été liée et inspirée par le butô. Ce mouvement révolutionnaire formé dans les années d’après-guerre, intègre des éléments de l’expressionnisme allemand et de la danse japonaise dans la recherche d’une nouvelle identité sociale. Après avoir vu la performance de Hijikata adapté du roman Kinjiki (Couleurs défendues) de Yukio Mishima dans un petit théâtre de Tokyo, Hosoe a été inspiré et il a commencé à photographier ce danseur unique, une collaboration qui s’est poursuivie pendant de nombreuses années.
En 1961, Mishima a vu quelques-unes des photographies de Hijikata par Hosoe et il a invité le photographe à travailler avec lui, une collaboration qui a conduit à Barakei (Ordeal by Roses), publié pour la première fois en 1963. Après cette série Hosoe a commencé à travailler avec Hijikata sur la série Kamaitachi (1965-1968), une dramatisation intense des souvenirs d’enfance de Hosoe dans la région rurale du Tohoku au nord du Japon où il a passé les années de guerre. Hijikata incarne le kamaitachi, un démon mythique qui hante les champs de riz. Kamaitachi est peut-être la plus belle illustration du style photographique hybride de Hosoe, alliant performance et documentaire avec une esthétique dramatique et baroque qui incarne les principes du butô ankoku (danse des ténèbres).
Hosoe a continué à travailler avec Mishima et Hijikata tout au long de leur vie et en 1971 il a photographié la série Embrace avec Hijikata et pour laquelle Mishima a rédigé l’introduction. Hosoe est une figure unique dans le paysage photographique japonais. Un ma tre-tireur, il n’a jamais cessé d’expérimenter avec les techniques argentiques et numériques pour développer de nouvelles méthodes d’expression photographique. Il a exposé et enseigné à travers le Japon et l’Occident, et sa capacité à combler cet écart a contribué à établir une compréhension mutuelle entre ces différentes cultures photographiques. Au cours des cinquante dernières années, son innovation et son ouverture d’esprit ont considérablement enrichi le langage photographique.