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Ils ont les yeux clos, les bouches semi-ouvertes, ils sommeillent quasi-hypnotisés entre l’extase et l’épuisement ; les paysages eux sont abandonnés, imaginés ou encore idéalisés. Les photographies de la série « Some Days » de Wang Ningde plongent dans la rêverie et l’amertume, à mi chemin entre regret et réminiscence de l’instant T.
Wang Ningde est né dans les années 70 alors que la Chine commençait son « ouverture » sur le monde extérieur. Il capture l’image d’une Chine certes contemporaine mais toujours affectée par le lourd souvenir de la Révolution Culturelle.
Véritable invitation au voyage, « Some Days » entraine notre imaginaire dans une traversée du passé dont les destinations finales pourraient être des contrées nommées Mémoire, Calme et Intimité. Devant ces visages aux yeux fermés, ces paysages inconnus, le spectateur, lui, ouvre les yeux sur les souvenirs, les fantômes de l’être aimé, les images oubliées, les émotions cachées… un temps retrouvé… Le passé n’est pas recréé, loin de cette démarche, c’est le processus de remémoration qui est questionné, suggéré et imaginé.
Telle la madeleine de Proust, les photographies de Wang Ningde rappellent que le souvenir ne saurait être un acteur passif de la vie mais plutôt un moteur conscient dans le déroulement de nos vies. « Some days », quelques jours, un jour, un visage, un enfant, une fleur, une rivière, un train, un mariage, une danse, une ballade… suffisent à revoir, à rêver l’instant. « La vie est un songe » disait Calderon. Cette maxime s’applique à merveille à l’œuvre de Wang qui immortalise dans ses photos ce que Zoé Valdes appelle dans un roman consacré à la Chine « l’éternité de l’instant ».
Né en 1972 dans la province du Liaoning , Wang Ningde est diplômé, en 1995, du département de photographie de l’Académie d’Art Lu Xun. Autrefois photojournaliste, il commence sa carrière d’artiste en 1999 et achève sa première série intitulée « Some Days » en 2005. Son travail connaît tout de suite un immense succès. En 2007, Wang Ningde tombe gravement malade. C’est au cours d’une longue convalescence que va naitre le désir de compléter sa première série. Il se rétablit en 2009 et achève une nouvelle série d’images, dont le titre reste inchangé.
Exposé à travers le monde, il fait partie des plus grandes collections publiques et privées.