Espace Croix-Baragnon 24 rue Croix-Baragnon 31000 Toulouse France
Notre Monde est vraiment fantastique ! L’homme a mis au point nombre de situations, comportements et systèmes, parfois à tel point inédits pour lui-même qu’il ne sait même plus en contrôler les éventuels dérèglements ! La faute en incombe aux humains, coupables de se trouver en trop grand nombre, au même moment, au même endroit dans une situation devenue aussi problématique, complexe, qu’imprévisible. C’est ainsi que si tous les paramètres sont en soit valables, contrôlables et simulables ; seul le nombre d’humains impliqués peut varier de manière non prévisible et rendre la situation tout à fait opaque du fait de la densité accrue des informations et au final s’affirmer comme la cause première d’un dénouement catastrophique. Et là c’est l’accident ! Pour éviter cela, quel sera alors le meilleur outil de calcul si ce n’est la simulation en acte du problème lui-même…
Imminence de la Catastrophe n’est pas une exposition catastrophiste, au sens où elle nous proposerait des situations et images de la catastrophe mais plutôt un composé cynique de simulations et d’anticipations comme autant de témoignages anticipés d’une hantise sociale et historique implacable. Suprême cynisme quand on sait que la réalité en est, elle-même, dépourvue. Elle qui ne parvient même pas, du fait de sa spontanéité, à se payer le luxe de trouver le temps de s’illustrer par son diabolisme. C’est ainsi que la société nous promet depuis des temps reculés que la fin est proche - voire très proche - et malgré cela et la mise en place consciente de fausses prédictions, elle continue tout de même de nous annoncer que la fin est pour demain…
Repousser le temps, celui de la disparition de l’homme en l’enveloppant du mystère de la vraisemblance, voilà de quoi nous interdire de crier au délire malsain de la catastrophe finale. La disparition de l’homme, de l’espèce humaine est annoncée sur le mode de l’ellipse, toujours en décalage constant, sans jamais vraiment arriver au moment précis où on l’attendait. Et sans cesse le jugement est repoussé pour celui qui traverse les temps des prédictions mensongères. Au moment même où la catastrophe devrait arriver, s’annonce l’imminence d’une nouvelle qui la remplace ainsi tout à fait avantageusement. Le mensonge efface le mensonge pour donner naissance à une interminable succession de craintes se repoussant elles-mêmes pour nous en faire oublier l’origine. On nous dit que la fin est proche et malgré cela, par superstition, l’homme sans cesse la repousse à plus tard…
L’anticipation devient alors le mobile d’un crime n’ayant pas encore été commis, comme en attente de réalisation, à la manière d’une promesse ne venant pas et se faisant toujours attendre… C’est qu’en définitive, anticiper permet à notre société d’évacuer la menace réelle qui, quant à elle, ne s’annonce jamais mais survient tout simplement. Les artistes convoqués au procès de ce crime tout aussi imparfait (aucune victime, si ce n’est la réalité elle-même) que très vraisemblable (tous les éléments ont été soigneusement reproduits avec un soin confinant au mimétisme) en appellent tous à un hyperréalisme visionnaire, parfois décalé, dont la nature varie en fonction des pratiques et des orientations esthétiques qui leurs sont propres.