Institut français de Berlin Kurfürstendamm 211 10719 Berlin Allemagne
Ce qui semble naturel est en réalité un artifice : les collines verdoyantes qui animent la plate monotonie du paysage berlinois sont en majorité d'anciens Trümmerberge ou collines de ruines. Longtemps considérés comme des zones taboues et dangereuses, ils font désormais partie du paysage et le plaisir des citadins. En 1945, Berlin n'est plus qu'une ville bombardée et détruite à 70%. Il est alors nécessaire d'évacuer les ruines non-récupérables, de faire place nette avant de débuter la reconstruction. L’ensemble des débris représente 75 millions de tonnes soit 15% du total des ruines de l’Allemagne. Dans l’urgence de l’après-guerre, les gravats sont répartis sur plusieurs lieux de stockage. Disséminés dans toute la ville, les tas se transforment en amas, ils prennent rapidement de l’ampleur et finissent par former des collines, dont la hauteur varie entre 70 et 115 mètres ; de quoi marquer suffisamment le paysage. Bien plus que sur le travail de mémoire, notre intérêt s'est porté sur l’empreinte toute contemporaine des Trümmerberge et sur leur place dans le quotidien des Berlinois. Grâce à la rencontre des personnes qui investissent quotidiennement les lieux, à leurs récits et impressions personnelles, il est question de percevoir comment ces sites emblématiques de la destruction se fondent aujourd'hui dans le paysage urbain et comment les Berlinois se les approprient. Notre projet photographique et sonore est une invitation à la découverte des anciens Trümmerberge, cet univers d'origine insolite et douloureuse. Nous espèrons ainsi encourager la réflexion quant au rôle du paysage urbain dans l'histoire complexe et fascinante de Berlin ainsi que dans la représentation de soi, de son histoire personnelle.