Espace des arts sans frontieres 44 rue Bouret 75019 Paris France
L'exposition collective Corée(s) Dos à Dos mêle photojournalisme et art contemporain. Corée du sud et Corée du nord. Le 15 juin 2000, 55 ans après la division de la Corée, les dirigeants de la République de la Corée (Sud) et la République Démocratique Populaire de Corée (Nord), Kim Dae-Jung et Kim Jong-Il, se rencontraient dans la perspective historique d’amorcer une réunification entre les deux pays. Aujourd’hui, la situation semble figée et la frontière entre les deux Corée reste le signe ostensible de la signature d’une armistice qui ne s’est jamais transformée en paix. La Guerre Froide n’est pas tout à fait terminée, semble-t-il, en Corée. Regarder encore de nos jours cette frontière, c’est la connaitre comme faisant partie d’un dispositif militaire tout autant que touristique. C’est chercher à comprendre comment, dans le même espace, sont imbriquées deux modalités du voir, la surveillance panoptique des armées qui se place dans une permanence du danger avec la curiosité des visiteurs internationaux à qui ont présente la frontière sous l’éclairage de la volonté d’une réunification, la faisant presque apparaitre comme monument. Le temps y est présent comme à rebours ou plutôt solidifié. A la frontière coexistent le passé d’une mémoire - celle de la guerre de Corée -, le moment présent des affrontements tenus à l’arrêt par l’armistice, et un futur à l’issue constamment reportée. D’un point de vue anthropologique, il n’y a de telles formes a-chroniques du temps que dans les pratiques religieuses. C’est pourquoi nous avons cherché à proposer plusieurs points de vue aux spectateurs de l’exposition: d’une part, des ouvertures documentaires sur la frontière (Alain Nogués), sur le chamanisme (Jemina Boraccino), sur le rituel funéraire (Kang Su-Hyun) et sur le protestantisme (Fabien Adam) en Corée; de l’autre un questionnement sur la limite avec la mise en exergue de processus psychiques et formels ainsi que de leur gel (précipités des sculptures-paysages de Chung Kwang-Hwa, formes entre les idées de limite et d’intervalle de Park Cheong-So, formalisation plastique et conceptualisation des symboles de la frontière par Choi Dae-Jin, réflexion sur la proximité de la frontière et de l’image, toute deux pensées comme signe d’une absence par Daphné Nan Le Sergent).
Vernissage le 15 juin à partir de 18h.