© Bruno Amsellem/Signatures
Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon 14 avenue Berthelot 69007 Lyon
© Bruno Amsellem/Signatures
Voyages pendulaires est présentée dans la grande salle d’exposition temporaire du CHRD. Composée d’une centaine de photographies couleur, l’exposition est précédée d’un sas pédagogique. Celui-ci comprend une carte retraçant le trajet entre la région lyonnaise et le Bihor roumain, des interviews illustrant le point de vue de différentes personnes et/ou spécialistes du sujet (historien, ethnologue, journaliste, directrice du musée), enfin quelques textes offrant des clefs de lecture du reportage photographique (Tsiganes et Roms, entre stéréotypes et persécutions ; Histoire de la migration des Roms de Roumanie, depuis la chute du mur jusqu’à aujourd’hui ; La migration comme alternative à la misère et aux discriminations).
L’exposition s’articule autour de 6 parties introduites par un texte :
- Retour sur les bidonvilles et squats de l’agglomération lyonnaise (texte de Benjamin Vanderlick)
Au début des années 2000 et quelque quarante ans après leur disparition promise, des bidonvilles renaissent aux portes de Lyon. Les conditions de vie de leurs habitants, nouveaux migrants venus de l’ex-Yougoslavie et de Roumanie, frappent l’opinion et mobilisent, en vue de leur expulsion, les pouvoirs publics. Friches de Vaulxen- Velin, installations à Saint-Priest, Pierre-Bénite et Jonage, terrains de la Soie à Villeurbanne et du Puizot à Vénissieux, bidonvilles de Surville et Paul-Bert, les photographies permettent d’illustrer dix années d’existences précaires dans les creux des villes occidentales.
- Traces de l’histoire rom en Roumanie (texte d’Isabelle Doré-Rivé)
La fin des régimes communistes d’Europe de l’Est a eu des conséquences dramatiques sur le niveau de vie des Roms, employés en nombre comme ouvriers dans les exploitations étatiques. Depuis la chute de Nicolae Ceausescu, la ferme d’État qui employait 60 % des Roms du Bihor, d’où sont originaires les deux familles suivies dans l’exposition, a fermé. Dans ce contexte de crise, propice au réveil des sentiments nationalistes et xénophobes, la migration revêt donc un caractère foncièrement économique, provoquée par la dégradation des conditions de vie et l’absence de perspectives d’avenir.
- De Vénissieux à Tinca avec l’aide au retour (texte de Sophie Landrin)
Anciens demandeurs d’asile, les Roms roumains deviennent à partir de 2007 des citoyens européens à part entière. Pourtant, cette même année, l’aide au retour déployée par le gouvernement français les invite à regagner durablement leur pays contre une prime de 147 euros par adulte et de 47 euros par enfant. Créé en 2005 pour gérer l’accueil des étrangers en France et l’aide au retour dans les pays d’origine, l’Anaem organise le rapatriement des familles en Roumanie. La couverture photographique du périple des familles roms depuis l’expulsion du bidonville de Vénissieux jusqu’à leur arrivée dans celui de Tinca, en Roumanie, est à l’origine du projet Voyages pendulaires.
- Les voyages de Tarzan Covaci (texte de Sophie Landrin)
Tarzan Covaci vit avec sa famille depuis plusieurs années entre la France et la Roumanie. Les suivre dans leur quotidien, dans leurs périples à travers l’Allemagne, l’Autriche et la Hongrie donne à comprendre cette logique d’immigration pendulaire, ce va-et-vient tout à la fois contraint et nécessaire. La recherche de moyens de survie en dehors des frontières nationales va de pair avec le maintien de liens étroits et réguliers avec son pays, que Tarzan regagne à la faveur d’événements particuliers, comme les fêtes de Pâques ou la naissance de sa fille. À l’image des migrants du monde entier, le voyage est entrepris avec l’idée d’investir au retour le fruit de son travail, il est porteur d’espoir.
- Traian et Pamela Covaci (texte de Thomas Ott)
Qu’on l’imagine au retour ou dans le pays d’accueil, la perspective d’une vie matérielle et sociale meilleure constitue une très puissante invitation au départ. Traian et Pamela Covaci, comme la très grande majorité
des Roms présents à Lyon ces dernières années, sont originaires du judet de Bihor, à l’ouest de la Roumanie. L’image de ce jeune couple et de leurs deux enfants rentrant en fin de journée dans le bidonville Paul-Bert, jouxtant le centre commercial et d’affaires de la Part-Dieu, est saisissante. Distinct de celui de Tarzan, leur parcours permet d’évoquer un projet d’installation réussi, auquel la volonté de scolariser leur petit garçon n’est pas étrangère.
- Second voyage avec l’aide au retour (texte de Sophie Landrin)
Vingt ans après le début des mouvements migratoires des Roms d’Europe centrale et orientale, ces derniers continuent d’être perçus comme une population à évacuer, quel que soit le destin qui les attend dans leur pays d’origine. La France dit disposer des moyens permettant de sédentariser les familles, à travers des politiques de codéveloppement et de réinsertion que l’Office français de l’immigration et de l’intégration se charge désormais d’orchestrer. Trois ans après leur premier voyage, Sophie Landrin et Bruno Amsellem repartent en Roumanie aux côtés de familles roms de l’agglomération lyonnaise qui ont accepté l’aide au retour proposée par la France.
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Bruno Amsellem/SignaturesBruno Amsellem est représenté par la maison de photographes Signatures.