Les amoureux, Florence, avril 2008, courtesy Galerie Esther Woerdehoff, Paris
Galerie Esther Woerdehoff 36 rue Falguière 75015 Paris France
En 2008, Olivier Mériel a effectué plusieurs voyages en Toscane et réuni une magnifique série d’images, publié l’année suivante par les éditions Cahiers du Temps et préfacé par la commissaire d’expositions Laura Serani.
Le voyage en Toscane commence avec des vues où la mer est là, mais à peine perceptible - écrit Laura Serani - dans le reflet d’un miroir accroché aux cabines de plage, à l’horizon, frontière fluide entre ciel et terre, ou derrière les balustrades de la promenade à la tombée de la nuit, en hiver. Plus loin, on rejoint le quai où un bateau fantôme nous attend pour traverser le port. Le ton est donné, on est convié dans un univers envoûtant d’espaces déserts et silencieux. Rien ne changera, même en arrivant au coeur des villes, qui de la présence humaine ne gardent que les traces : sillages de lumières, étoiles filantes métropolitaines, quincailleries étincelantes, réverbères allumés.
Photo après photo on rentre dans l’univers de Mériel et on se laisse porter ailleurs par sa vision. Paysages, villes, villages de l’entre-terre ou en bord de mer, rien ne correspond aux représentations habituelles de la Toscane solaire et accueillante des dépliants d’agences de voyages, ni à celle, hautaine, de la terre des Médicis, berceau de la Renaissance. Même Florence et Sienne, icônes de l’imagerie traditionnelle de carte postale, deviennent ici des villes fantômes, immobiles et silencieuses, figées dans leurs secrets.
Né en 1955 à Saint-Aubin-sur-Mer, Olivier Mériel est surtout connu pour le clair-obscur de ses images du littoral français. La mystérieuse ambiance se son travail réside notamment dans un traitement des ombres et des lumières singuliers, qui sont les vrais protagonistes de ses paysages. De la Normandie à l’Irlande, de l’Islande à la Sicile, Olivier Mériel a su traduire depuis le début des années 70 des lieux si différents dans son propre langage et construire ainsi un corpus cohérent et homogène. La densité de ses tirages est due d’une part à sa prédilection pour les nocturnes, d’autre part à une parfaite maîtrise technique : l’utilisation exclusive de chambres photographiques avec de temps de poses très longs, les tirages obtenus par contact, puis virés au platine et au sélénium sur des papiers riches en argent.