Laurent Guérin, Mo Ippai (2007)
Quatre ans après l'exposition Nipponga (« regard sur le Japon »), le photographe montréalais Laurent Guérin revient en force avec Samayou (« errance »), une suite photographique réalisée au cours d'un séjour prolongé de trois ans dans la capitale nipponne. Des îles Okinawa à Tokyo, jusqu'à l'extrême Nord du Japon, Guérin a construit un corpus photographique à la manière d'un journal visuel. Journal d'errances où « marcher, attendre, chercher » s'inscrit comme autant d'approches naturelles entre l'artiste et ses sujets. Près d'une cinquantaine de photos y seront dévoilées, dont deux émouvantes mosaïques dépeignant Tokyo de jour et de nuit.
Son appareil célèbre et désacralise à la fois le moindre sujet, glissant aisément du plus sérieux au plus humoristique. La photographie de Guérin ne se veut pas un masque déjouant la réalité, mais s'annonce plutôt tels un instrument de mesure, une extension acérée d'une vision singulière. L'artiste rejette ici les valeurs de gris comme on repousse les catégories conventionnelles, pour se rapprocher d'une forme d'intégrité onirique.
Laurent Guérin ne souhaite ni dominer ce qu'il voie ni s'en assujettir. Sans mode préétabli, son œuvre est à la croisée d'une forme crue et poétique, comme le geste automatique en peinture. Marquées par le thème de la liberté, ces œuvres soulignent également l'influence qu'a exercée la photographie japonaise des années 1950 et 1960 au cours des pérégrinations de l'artiste dans le peuple nippon.