"Rires d'enfants, soupirs et petites morts de femmes. Des pleurs, des corps, des lieux intimes, recouverts d'un voile onirique ce sont autant de souvenirs brumeux endommagés, de fragments temporels distordus et recomposés qui se compilent ici dans une tentative esthétique de donner du sens à l'inexorable écoulement. Des bribes résiduelles choisies, des mises en scène ordinaires de réalités fantasmées où traine un Spleen poisseux de monotonie, de tourments et de sursauts de révolte. Il n'y a rien d'autre ici que des projections d'une existence sublimée, une stratégie de survie élémentaire contre un ennui existentiel ; rien d'autre que des images mentales figées sur le papier comme des armes contre le vide."
Dans l’ombre de la photographie
Dans la continuité d’une certaine pratique de la photographie postmoderne, le travail d’Alejandro De Los Santos se situe dans un intime « phasmatiquei » – où le sujet se confond à son espace –, et symptomatique. Sa pratique photographique est connivente à son expérience de vie : Il s’inscrit dans l’expérimentation, dans la recherche photographique et ne se fige pas sur une esthétique particulière.
Inutile de faire un discours prolixe de cette exposition, ce qui est primordial ici c’est de « voir », « sentir » et « toucher » des fragments de vie où la représentation sert de lieu de mémoire, du fameux « cela a été ».
Ces photos sont hypnotiquesii car l’érotisme et la mort, au-delà de la représentation, se côtoient dans un même espace, un même moment voire dans un même corps.
Ici, il n’y a plus d’artifices, juste des fragments fantomatiques, où les figures deviennent des indices, des traces errantes, des simulacres.
En raison d’une dureté réaliste de l’intime, ces photos privilégient l’obscurité ; c’est l’écriture de l’ombre qui prévaut, car la photographie n’est pas seulement l’« écriture de la lumière », il faut considérer la skiagraphie, la part ombreuse de toute chose et de tout espace…