The Wanderer, série Between Worlds, 2009 Impression pigmentaire, 105 x 105 cm Edition de 8
Depuis 2002, Polixeni Papapetrou photographie ses enfants et leurs amis dans des scènes d’extérieur, au sein de la nature australienne. Dans Between Worlds, les enfants portent des masques d’animaux et sont représentés en êtres hybrides, des créatures à mi-chemin entre le monde animal et humain.
De telles représentations sont nombreuses dans la mythologie grecque par exemple et dans certaines religions. Mais rares sont celles qui montrent des enfants, sujet sans doute trop transgressif comme le souligne Susan Bright dans son essai sur ce travail récent de l’artiste.
Les treize images de Between Worlds n’ont cependant rien de choquant. Les enfants y portent des masques d’animaux glanés au cours de voyages, des habits vintages et des accessoires soigneusement choisis, dans des mises en scène très contrôlées qui font référence tant à l’histoire de l’art qu’aux contes et au monde imaginaire de l’enfance. Ainsi, The Harvesters met en scène trois petits cochons dans une scène champêtre dont la composition est inspirée du tableau Des Glaneuses de Jean-François Millet (1857). The Caretaker est certainement le plus inquiétant puisqu’on y voit un enfant portant un masque de gorille à l’expression menaçante, assis sur une chaise en bois au milieu d’un paysage calciné et tenant mystérieusement un trousseau de clefs. Inspiré du célèbre arrangement en gris et noir, portrait que James Whistler fit de sa mère en 1871, cette image a été prise dans le parc national de Kingslake après que le feu ait ravagé le bush. Le travail de Polixeni Papapetrou se développe en effet en lien direct avec la nature australienne, sa beauté sauvage, fascinante mais parfois dangereuse. Ainsi, la série Haunted Country, en 2006, était basée sur les histoires d’enfants perdus dans le bush. La photographe tire de cette nature une palette de couleurs riches et vives, utilisant la lumière naturelle sans aucune manipulation.
Les photos de Polixeni Papapetrou rappellent dans une version contemporaine les représentations de l’enfance victorienne de Julia Margaret Cameron. Le fait de photographier ses propres enfants, en toute complicité mais non sans susciter les critiques, rapproche également son travail de celui de Sally Man.
D’origine australienne, Polixeni Papapetrou vit et travaille à Melbourne. Son travail a été largement exposé en Australie, aux Etats-Unis et en Asie, notamment au National Art Center (2008, Tokyo), lors du Seoul International Photography Festival (2008) et chez Aperture Gallery (New York, 2006). Papapetrou a reçu le prix Josephine Ulrick & Win Schubert Photography en 2009. La série Between Worlds sera exposée également dans ses galeries australiennes, hollandaise et new-yorkaise. Enfin, elle participera à la rentrée prochaine au projet d’exposition La Forêt de mon rêve à la galerie du Conseil Général des Bouches du Rhônes (Aix en Provence-octobre). Elle sera par ailleurs exposée en septembre au festival international de la photographie Pingyao, en Chine. Elle représentera aussi en novembre prochain l’Australie au mois de la photoraphie de Bratislava.