© Bertrand Stofleth
Galerie Voies Off 26 ter rue Raspail 13200 Arles France
La série en cours ‘‘Rhodanie’’ propose une réflexion sur la contemporanéité et le pouvoir d’attraction des « grands paysages ». Les photographies de cette série explorent les sites traversés par le Rhône, ce dernier engendrant un imaginaire, des fantasmes propices à la production d’une iconographie foisonnante (Vedutistes Italiens, Peinture Hollandaise, images pieuses, d’Epinal…) qui participent le plus souvent à une vision romantique, naïve ou bucolique du patrimoine naturel et bâti.
À partir d’une étude de ces images, ce travail propose la création d’une nouvelle imagerie de ces bords de fleuve en détournant leurs codes traditionnels de représentation. L’axiome de frontière : administrative, géographique, naturelle, économique s’est déplacé progressivement vers l’idée de limite et de toutes les projections mentales qu’elles recouvrent. C’est-à-dire, concevoir le fleuve et par extension le paysage lui-même comme la limite vers un ailleurs, le lieu de toutes les images projetées, lieu qui exerce une force d’attraction pour son caractère contemplatif et spéculatif. L’introduction “d’habitants “ par le biais de mises en scènes fait appel aux histoires du lieu (pratiques culturelles, politiques, contextes sociaux, légendes…) et pose la question de l’authenticité des situations, interrogeant dans un même mouvement l’évolution de la pratique et de la fascination de ces paysages : la question de leurs identités et de leurs usages.
Le spectaculaire de ces images n’est alors pas à rechercher dans les évènements ou dans l’espace grandiose représenté mais plutôt dans le choix du point de vue. Le dispositif de prises de vues réalisé à la chambre photographique grand format depuis une nacelle élévatrice, a permis ainsi d’accentuer l’inscription des scénettes dans ce décors naturel tout en plaçant le spectateur des photographies en situation de spectacle. L’effet de réel de ces images ainsi produites et l’étrange quotidienneté dans laquelle sont plongés ses protagonistes fait naître un trouble qui envahit simultanément l’espace représenté et l’image qui le représente, interrogeant ainsi ces paysages dans leurs actualités et dans ce rapport d’attraction que nous entretenons avec eux.