
La grange 479, route de Grandvilliers 60480 Montreuil sur Brèche France
Née au début des années 50 et importée aux Antilles dans les années 60, la grena' arrive à un moment charnière : le passage d'une période de restriction à une période pré-industrielle. Ca roule, c'est robuste, fiable, simple d'utilisation et surtout, ça brille ! Les Antillais se ruent dessus. Et tout particulièrement ceux de Grande Terre en Guadeloupe où la grena' s'adapte extrêmement au contexte géographique et économique : peu de relief, un tissu d'usines et d'exploitations agricoles.
Défiant les lois de l'équilibre, on charrie tout ce qui peut tenir entre la fourche et le porte-bagages. Un sac de ciment, deux bouteilles de gaz, trois balles de fourrage, un veau, un ami, une amie, une épouse, trois enfants... La grena' est un inventaire à la Prévert, monté sur deux roues. Un poème mécanique au cadre monocoque, au moteur qui pétaraden hoquette parfois, mais jamais ne s'arrête. La grena' est un trait d'union tout en courbe, la transition entre le bourricot et la voiture. Mieux qu'un bourricot, un étalon, celui de la condition de son propriétaire. On se pavane en grena'. Honte à ceux qui n'ont qu'une bleue ou pire marchent à pied. Les plus téméraires se défient dans des courses sauvages que l'on appelle "courses marrons". Célébrations interdites où les feux d'artifice sont les étincelles produites dans les tournants par les pédales qui raclent le bitume.