Galerie Baudoin Lebon 8 rue Charles-François Dupuis 75003 Paris France
Il est aujourd’hui inutile de présenter Joel-Peter Witkin. De Bogota, de l’Italie, et de son studio à Albuquerque, l’artiste a rapporté des rêves éveillés.
baudoin lebon présente 17 tirages de grand format issus de prises de vues effectuées ces deux dernières années. Naviguant entre le sacré et le profane, il installe en étroite complicité une religieuse et un transsexuel mais ressucite aussi le Christ aux côtés d’une jeune femme au tub, hommage à Degas. Des textes inspirés de témoignages ou de souvenirs de jours imaginaires dans les années 2060 accompagnent certaines photos, ajoutant au mystère de la mise en scène.
Joel-Peter Witkin puise à la fois dans la mythologie, dans ses rencontres, dans les personnages populaires, dans l’oeuvre des grands artistes comme Le Caravage ou les surréalistes, pour réinventer la réalité avec une grande dose d’imaginaire, de folie et d’interrogation existentielle. Certaines oeuvres ne manquent pas d’humour comme ce Model at the end of art dont le visage semble avoir subi les derniers outrages artistiques, ou The Fly où l’on retrouve les dessins familiers de tourbillons, un masque à la Picasso et un ajout d’ailes graphiques qui remettent en perspective la sensualité d’un buste de femme nue. Une poésie pleine de vitalité s’accompagne d’une bonne dose de provocation, que ce soit dans les natures mortes, les portraits ou les grandes scènes aux poses et aux décors soigneusement étudiés. L’auteur traverse une fois encore l’histoire de l’art pour offrir des créations uniques toujours aussi étonnantes.
Bousculant les codes de la société, l’artiste transforme les prêtres en polichinelles, les homosexuels en martyrs et les mariées en dévergondées. Si le collier de perles de mauvais goût voisine avec le chapelet, c’est pour mieux inviter le spectateur à revoir sa vision du monde.