Expositions du 23/07/2005 au 28/08/2005 Terminé
Centre de photographie de Lectoure 5, rue Sainte-Claire 32700 Lectoure France
A la Halle aux grains.
Renseignements au 05 62 68 83 72 et photoalectoure@club-internet.fr
Né à Berlin en 1931, Jurgen Schadeberg se forme à l'école d'optique et de photographie de Berlin tout en travaillant pour un photographe professionnel. Il est encore adolescent lorsqu'il devient photographe pour une agence de presse de Hambourg. Fortement marqué par la guerre, il souhaite quitter l'Allemagne et s'embarque pour l'Afrique du Sud. Dès son arrivée, il devient photographe en chef et directeur artistique de la mythique revue culturelle de la communauté noire Drum Magazine. “Quand je suis arrivé en Afrique du Sud en 1950, j'ai trouvé deux sociétés qui évoluaient en parallèle, sans communiquer entre elles. Il y avait un mur invisible entre ces deux mondes. Le monde noir ou monde non européen comme le décrivait la société blanche, était culturellement et économiquement rejeté par le monde blanc.” C'est dans ces années que Jurgen Schadeberg réalise des clichés essentiels pour l'histoire de l'Afrique du Sud. Il a alors approché tous les grand leaders historiques de la contestation anti-apartheid, de Nelson Mandela, dont il réalise le premier portrait officiel en 1952, à Moroka, Walter Sisulu, Yusuf Dadoo ou encore Trevor Huddlestone. Il a couvert tous les grands événements qui ont ponctué ces années, la campagne de défiance en 1952, les grands procès des années 50 ou les funérailles de Sharpeville en 1960. “Les campagnes politiques contre les lois d'apartheid au début des années 50 étaient largement pacifistes voir courtoises envers le gouvernement officiel, la police spéciale et le monde politique. Une fois, j'ai assisté à une scène cocasse : l'orateur d'un meeting politique interrompit son discours pour permettre à l'agent de la police spéciale de rembobiner son enregistrement. Ce n'est qu'à la fin des années 50 et au début des années 60 que la confrontation devint plus violente et plus brutale.” Jurgen Schadeberg fut un témoin privilégié de la prodigieuse vitalité intellectuelle et artistique de la communauté noire. Une scène musicale particulièrement riche s'était développée sur le modèle nord américain, notamment dans le domaine du jazz avec, comme figures marquantes, Dolly Rathebe, Miriam Makeba, Hugh Masekela ou encore Kippie Moeketsi. Schadeberg était également proche du monde littéraire où il côtoie Bloke Modisane, Can Themba et surtout Henry Nxumalo. Certaines de ses photographies, telles que celle de Miriam Makeba, debout derrière son micro en 1955, appartiennent aujourd'hui au patrimoine national. Sa contribution au développement de l'histoire de la photographie en Afrique du Sud est essentielle. Lorsqu'il travaillait pour Drum Magazine, il a formé toute une génération de photographes noirs comme Bob Gosani, Ernest Cole et Peter Magubane. Plus récemment, il a contribué à l'éclosion de jeunes talents tels que Santu Mofokeng, Makgotso Gulube et Taryn Millar. Jurgen Schadeberg fut longtemps le seul photographe à s'intéresser aux deux communautés “Comme nouveau venu et étranger, je pouvais facilement passer d'un monde à l'autre... Le soir, par exemple, je pouvais photographier un bal masqué à l'Hôtel de ville et, le lendemain matin, un meeting de l'ANC, ou un bar clandestin à Sophiatown... le tout avant le concours hippique de juillet à Durban.”
En 1964, il est contraint de quitter l'Afrique du Sud et trouve refuge à Londres. Durant les années 60 et 70, il travaille comme photographe free-lance pour plusieurs magazines en Europe et aux États-Unis. De 1964 à 1966, il édite également le magazine Camera Owner qui deviendra ensuite Creative Camera. Il enseigne dans différentes écoles d'art à Londres, New York et Hambourg et assure des commissariats d'expositions photographiques. En 1984, il retourne en Afrique du Sud où, tout en poursuivant son travail de photojournaliste, il réalise des films documentaires et des fictions sur la communauté noire. Il reste un observateur aigu de la société sud-africaine et réalise actuellement un grand projet photographique sur l'exil de modestes agriculteurs noirs qui viennent s'entasser dans les squats urbains après avoir été chassés de leurs exploitations par de grands propriétaires qui clôturent d'immenses terrains de chasse pour des touristes fortunés. Surnommé “le père de la photographie sud africaine”, Schadeberg est une figure majeure de l'histoire de la photographie du continent africain. Son travail, qui s'étend sur 52 ans et comprend plus de cent mille négatifs, offre un vrai regard sur les grands événements comme sur la vie quotidienne.
Partick Descamps
Informations sur le festival :
http://www.next-photo.com/actuphoto/page.php?page=pronews/news_complete&id=1469
© Jurgen Schadeberg
Centre de photographie de Lectoure 5, rue Sainte-Claire 32700 Lectoure France