Galerie du Bar Floréal Rue des Couronnes, 43 75020 Paris France
Le 11 septembre 1973, jour du coup d’état militaire au Chili, Claudio Perez avait 20 ans et vivait au Brésil. Il a tout de suite ressenti le besoin de rentrer chez lui, pour témoigner de ce qui s’y passait. C’est avec une fausse accréditation de correspondant de la presse brésilienne qu’il a pu passer la frontière chilienne. Il s’est improvisé photo-reporter indépendant, apprenant le métier dans des conditions difficiles à un moment où la censure du régime de Pinochet était omniprésente. Pour Claudio Perez, il fallait à tout prix photographier de l’intérieur ce pays coupé, alors, du reste du monde.
C’est ainsi qu’il a commencé la photographie, pour témoigner, pour lutter, pour dénoncer. Contre l’oubli.
¿ DONDE ESTAN ?
Où sont-ils ? proclament les affichettes qui portent le visage des victimes de la dictature et que brandissent les manifestants pour interroger le pouvoir. Une fois la démocratie revenue, il s’agissait pour le photographe de témoigner du combat des familles (surtout des femmes) dont un ou plusieurs membres avaient été exécutés sans jugement, ou avaient purement et simplement disparus (ces derniers sont estimés à 1197) ; pour que ces cas soient l’objet d’enquêtes, que l’on retrouve les corps, que l’on démasque les responsables et qu’ils soient jugés.
À force de persévérance et de complicité, Claudio Perez est devenu très proche de la plupart d’entre eux, ne cessant de photographier leur vie marquée par tant d’absence. Traversant le Chili, il est allé chercher dans les albums de ces familles meurtries, des images du quotidien des disparus que l’on (re)découvre dans la plénitude de leur vie, avant leur naufrage. Il a collecté toutes ces images de vie, ces images d’amour. Contre l’oubli.
LE MUR DE LA MÉMOIRE
Il a réalisé alors le Mur de la Mémoire, constitué de près de 1000 portraits déposés par un procédé photographique sophistiqué sur des carreaux de grès formant ensemble une gigantesque fresque des disparus. Certaines de ces images seront présentées dans l’exposition.
L’AMOUR CONTRE L’OUBLI
Dans cette exposition, Claudio Perez montre aussi la solitude ou l’amertume des mères et des épouses qui vivent avec ces images (devenues presque icônes à force d’avoir été reproduites) omniprésentes dans leur vie, à la fois comme témoin de leur douleur et aussi de leur espoir de voir un jour résolu le mystère de la disparition.
TRACES INÉFFAÇABLES
Parallèlement à ce travail (de deuil ?), Claudio Perez s’est rendu dans des lieux de détention où, sous la dictature militaire, fut pratiquée la torture et dans lesquels disparurent certainement de nombreux chiliens. Il a photographié les traces, voire les stigmates de cette souffrance, encore visibles sur les parois défraîchies de ces bâtiments aujourd’hui abandonnés. Avant que ces derniers ne soient détruits. Encore et toujours, photographier contre l’oubli.
RITUALITÉ QUESHWA
Les Queshwa, une minorité ethnique du Chili, qui eux aussi, submergés par la culture dominante issue du colonisateur européen, résistent à l’oubli, celui de leur culture.
AMAZONES
Un reportage réalisé à différents endroits de la forêt amazonienne où la dignité de l’homme est bafouée :
• dans un village “sans dieu ni loi”, au Pérou où, attirés par l’or, les hommes sont réduits à l’état d’esclave ;
• au Brésil, dans une zone où, payés une bouchée de pain, des hommes défrichent la forêt par le feu afin de développer l’élevage du bétail si rémunérateur pour les propriétaires terriens ;
• dans une région de l’Equateur où l’industrie pétrolière nordaméricaine a semé la mort en polluant à grande échelle les sols de la forêt.