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Accueillir dans le cadre de la Saison de la Turquie en France, l’exposition Ebru, c’est rendre compte de la mosaïque ethnique que constitue le peuple turc contemporain - originaire en grande partie de l’ancien empire ottoman. C’est aussi mettre en évidence le palimpseste des peuples vivants dans ce pays.
Ebru est un voyage photographique : Attila Durak, capturant les visages dans une complicité partagée, a mis en pleine lumière la richesse et la diversité culturelle de ce pays. De 2000 à 2007, il a parcouru la Turquie en partageant le quotidien de ses habitants. Il a souhaité « faire voler les stéréotypes d’un peuple unique » et « raconter une histoire à propos d’aujourd’hui, mais aussi à propos des douleurs d’hier et des espoirs de demain ». « Ces photographies reflètent une diversité qui plonge ses racines dans des identités culturelles différentes, tout en soulignant le fil commun à notre humanité ».
Le mot « Ebru » signifie « papier marbré » : une technique picturale millénaire, qui associe la peinture et l’eau sur le papier, évoque les combinaisons créatives infinies de ces trois éléments et symbolise autant les flux et flots historiques que la rémanence des couleurs dans toutes les nuances qui s’entremêlent. Les peuples de la Turquie, qui ont vécu ces mouvements innombrables dont les traces existent encore au présent, sont à cette image.
Réfutant volontairement le concept de minorité, l’artiste n’a pas tenu compte du poids numérique des groupes, qui n’est parfois que le pâle reflet de leur réelle influence historique et culturelle. Il a souligné avant tout l’éclat du foisonnement et la portée sociologique de leur extra - ordinaire diversité. Tous les visages, ouverts sur le présent et l’avenir, « déverrouillent » ainsi le passé de ces cultures mêlées et métissées.
Ebru, au-delà de la métaphore poétique, est donc un manifeste humain pour repenser dans le respect un « vivre ensemble » dans la Turquie d’aujourd’hui et de demain, et dans le monde.
Une juste reconnaissance pour les 44 ethnies formées d’Alévi, d’Arméniens, de Juifs, d’Arabes chrétiens, d’immigrants grecs et bulgares, de Cosaques, de Circassiens, d’Ouzbeks, de Tadjiks, de Turkmènes sunnites, de Crétois, d’Azéris, de Géorgiens, de Kurdes alévi, de Kurdes sunnites, de Kyrghizes, d’Albanais, de Bosniaques, de Roms, de Yazidis, d’Allemands, de Polonais…
Une démarche salutaire dont le sujet s’inscrit en relief des débats qui animent actuellement nombre de nos sociétés occidentales.
Exposition proposée dans le cadre de la Saison de la Turquie en France / Cultures France