Ceci n'est pas un livre, ceci n'est pas un film...
Rose, c’est Paris, de Bettina Rheims et Serge Bramly est à la fois une monographie photographique et un long-métrage sur DVD. Cette extraordinaire œuvre d’art, dans deux formats différents qui entrent cependant en résonance et se complètent, défie les classifications traditionnelles. Car dans cet opus de symbolisme poétique aux multiples facettes, la photographe Bettina Rheims et l’artiste Serge Bramly abordent la Ville Lumière avec un œil nouveau: voici le Paris des visions surréalistes, des identités troubles, des fantômes artistiques, des manipulations secrètes, de l’obsession, du fétichisme et d’un désir irrépressible.
À cheval entre littérature érotique, photos de mode, monographie artistique, mystère métaphysique, archéologie sociale et culturelle de la capitale française et film d’art et d’essai néo-noir, Rose, c’est Paris est à la fois tout cela et bien plus encore. Dans une inversion surréaliste de l’album photo parisien, souvent imité, d’Ed van Elsken datant de 1954, Love On The Left Bank, cette œuvre magnétique conte l’histoire complexe de sœurs jumelles, dont on ne connaît que les initiales, B et R, et d’un troisième personnage principal: la ville elle-même. Lorsque R rentre à leur appartement, c’est pour apprendre que B a été enlevée à la suite d’une violente dispute: c’est le début d’une histoire policière onirique dans le noir et blanc des rues, dans les cafés et les cabarets, les épiceries et les musées, les usines abandonnées comme dans les grands hôtels parisiens.
Mais même ce scénario initial est submergé sous des strates d’échos, de références et d’hommages à des artistes comme René Magritte, Marcel Duchamp, Salvador Dalí et Man Ray, comme à la géniale amoralité des romans populaires de Fantômas du début du XXe siècle ou aux divers lieux et monuments mythiques de Paris.
Qu’est-il arrivé à la sœur disparue? Est-ce que cela avait prévu? A-t-elle vraiment été kidnappée? Est-elle morte ou vivante? S’agit-il d’un meurtre? D’un suicide? Ou simplement d’un cauchemar? À moins qu’elle ne soit devenue une rockeuse punk, une prostituée, une danseuse de cabaret, ou même une bonne sœur? S’est-elle mariée avant de fuir en Inde? R en sait-elle plus long qu’elle ne le prétend? À moins que B n’ait endossé l’identité de sa sœur… et que ce soit R qui ait en réalité disparu.
Rheims et Bramly créent une série de tableaux extraordinaires évoquant toutes ces possibilités et bien d’autres encore. À travers une foule de figures exceptionnelles, de Naomi Campbell, Monica Bellucci et Michelle Yeoh à des membres de leur famille, des modèles, des stars du porno et les pipole de la société parisienne, Rose, c’est Paris est à la fois immédiatement accessible comme merveilleux plaisir visuel, œuvre érotique à la nouveauté rafraîchissante et hommage à Paris évitant les clichés habituels. Mais, grâce à la manière dont elle joue avec les genres et le récit, les allusions et les attentes, l’œuvre demeure infiniment mystérieuse. Comme la ville elle-même, c’est une œuvre qu’on ne peut entièrement définir ou expliquer, seulement la vivre, encore et encore.
Edition Collector – limitée à 1 500 exemplaires, signés et numérotés par Bettina Rheims et Serge Bramly
(750 €) – Trilingue (français, anglais, allemand) – Couverture rigide – livret + DVD (95 minutes) et divers objets présentés dans une valise somptueuse – 29 x 40.5 cm – 332 pp
Parution prévue : fin avril 2010