Cité Internationale des Arts 18 rue de l’Hôtel de ville 75004 Paris France
L’exposition intitulée Néo-graphie aura lieu entre le 11 mars et le 11 avril 2010 à la Cité des Arts à Paris et présentera des oeuvres de onze artistes coréens qui vivent et travaillent en France. Avec l’année 2010, le 21ème siècle a déjà 10 ans ; c’est une date significative, comme pouvait l’être le passage entre les 20ème et 21ème siècles. La notion de néo-graphie est fondée sur cette idée de tournant symbolique au terme de cette décennie. L’intensification et l’accélération de la société postindustrielle depuis ce changement de siècle, ainsi que le phénomène de nomadisme dans un monde globalisé de communication et de transports, pénètrent tous les domaines de la culture et modifient profondément nos modes de vie. L’émergence des pays asiatiques en termes de développement sur les plans économique et politique est un phénomène remarquable qui est destiné à prendre une ampleur encore plus grande ; le rôle et l’influence des artistes asiatiques contemporains vont devenir plus déterminants dans un monde d’échanges entre les cultures. Cette circulation redéfinit, reconstruit et remodèle de nouveaux territoires mentaux et culturels, dans un processus que nous nommons ici « néo-graphie ». Cette notion ne désigne pas ici une nouvelle (néo-) orthographe (-graphie) au sens littéral, mais un processus, saisi dans sa temporalité, qui consiste à (re-)dessiner, ou (re-) créer, de nouveaux territoires et une nouvelle forme de territorialisation. La graphie, comme dans la cinémato-graphie ou la photo-graphie, est inséparable de la temporalité et de la notion de « non-lieu » en tant que lieu de surgissement de l’oeuvre d’art ; la néo-graphie contient, comme des strates, plusieurs temps simultanément - celui de l’histoire et celui du devenir. Elle est aussi un mode d’inscription de l’oeuvre dans son espace propre. La néo-graphie redéfinit et renverse, telle une nouvelle vague, les organisations et hiérarchies précédentes, et elle donne une place significative à l’art contemporain asiatique, nouvelle figure qu’elle dessine dans le champ de l’esthétique actuelle. Cette notion peut se saisir à travers deux concepts centraux : le métissage et le devenir.
1) Le métissage
En ce qui concerne le métissage, la mixité des racines ethniques et culturelles a pour effet d’abattre les frontières entre les peuples et entre les territoires, constituant ainsi des micro-identités, qui émergent de l’affaiblissement des identités collectives telles que la nation. La pluridisciplinarité produit de l’hétérogénéité et de l’hybridité non seulement dans les domaines de l’économie et de la politique mais aussi dans celui de l’art. La notion de post-humain, intrinsèquement liée à celle
Le métissage d’hybridité, repousse les limites de l’humain, dont la fusion homme-machine dessine une nouvelle figure. Le métissage est une sorte d’effacement de soi-même en vue de recevoir l’autre ; il bouleverse les idées de ressemblance et de mimésis et ouvre de nouvelles possibilités de dissemblances, de déformations et de créativité informelle. Le geste des artistes qui consiste à réunir des figures hétérogènes produit une nouvelle forme imprévisible qui explore le virtuel de chacun des éléments de la rencontre inattendue, et crée un nouveau rapport entre soi et soi-même, dans une nouvelle définition de l’identité. avec KIM Mi-Hyun, LEE Jeong hoon, Il-Hwa HONG, Valero-KIM, MIN Jungyeon et BAE Chan-Hyo
2) Le devenir
Quant à l’autre dimension de la néo-graphie, il ne s’agit pas d’une forme simple de devenir ; c’est un re-devenir, un nouveau devenir, qui a lieu après le métissage des corps, des cultures ou des pratiques artistiques, après le dépassement des catégories. Ces phénomènes introduisent de l’altérité dans l’identité, qui n’a plus le même rapport avec elle-même : au lieu d’être identique à elle-même dans sa pureté, elle est hybride, fragmentée, autre. Les notions de fragmentation et d’informel sont cruciales dans une démarche qui déconstruit et ré-analyse le support et la représentation. Chaque domaine joue sur le rapport entre l’oeuvre et son référent, et sur le support artistique (toile, matière sculptée, photographie…), dans un travail d’ouverture vers de nouvelles virtualités, qui se manifestent sous différentes formes : la fragmentation des corps, la déconstruction de la ville, la transformation de la matière utilisée dans la sculpture, ou la dissémination de la lumière dans l’espace réel… D’autre part, la relation entre l’identité et l’environnement est capitale dans ce processus, qui donne un rôle central à l’expérience de la ville et de l’architecture, expérience capturée par la photographie et la vidéo. avec YUN Aiyoung, Jehsong BAAK, LEE Sunghee, NO Yeong houn, YOO Hye-Sook et LE SERGENT Daphné Nan. Kim Sou-Hyeun, commissaire d’exposition