Pour Détails, Raphaël Dallaporta fait preuve de la même rigueur et de la même précision dans l'approche de son sujet. Par une technique poussée à son paroxysme, Raphaël touche à l'essence des Grandes-Orgues et à leur caractère sacré.
Raphaël Dallaporta est aujourd'hui reconnu pour ses travaux photographiques engagés. Bien qu'il ne se décrive pas comme un photographe de l'actualité, son oeuvre est très contextuelle. Son esthétisme s'apparente à celui du photographe de studio par l'isolement des objets choisis et leur éclairage, mais sa démarche est plutôt documentaire. L'artiste déclare vouloir "faire des oeuvres de sensibilisation", sans pour autant tomber dans le sentimentalisme. Cet engagement l'incitera rapidement à combiner textes et images dans ces installations.
Chaque série de photographies est sujette à la mise en place d'un protocole de prise de vue. Le sujet est enregistré de manière frontale, isolé de tout autre élément pouvant perturber la lecture. Raphaël Dallaporta photographie, classe, identifie, décrit. Sa démarche le rapproche de l'école de Düsseldolf, où la photographie est placée comme une donnée informative. Cette recherche de l'objectivité s'observe principalement par la froideur du cadrage, et la prise de vue distanciée qu'il pousse à l'extrême, s'interdisant toute complicité avec le sujet. Les photographies sont assorties d'un texte descriptif mentionnant en titre le nom de l'objet suivi d'une description clinique et du contexte.
Les photographies atteignent un degré de précision et de détail tel que nous basculons dans l'hyperréalisme. Dans les séries Autopsy et Antipersonnel, Raphaël Dallaporta dirige la luminosité de manière à souligner les couleurs et les formes. Apparaissent alors des images fascinantes, hypnotisantes, et seul le texte nous met en garde contre cette séduction apparente.
Les dernières démarches artistiques de Raphaël Dallaporta approfondissent encore la résolution de l'image et accompagne l'image d'un dispositif sonore. Ici, l'enregistrement d'une sélection de bruits rend visible une autre dimension de la réalité qui nous entoure. Le spectateur doit les comprendre comme de nouveaux indices. Nouveaux certes, mais sont-ils vraiment si différents ?
L'artiste recompose la réalité à sa manière. Chaque étape du processus de création puis de tirage poursuit un idéal de perfection que notre perception rétinienne ne peut appréhender. Chaque photographie de Grandes Orgues est décomposée à la prise de vue en plusieurs fragments photographiques. Le travail de postproduction de l'artiste reste dissimulé mais le réalisme reste troublant. Cette perfection est remise en question par ses couleurs subliminales. Le travail de Raphaël Dallaporta en collaboration avec Pierre Vandenbulke pour les images et Florent Ravalec pour le son, aiguise le regard du spectateur et perturbe les frontières entre réalisme et fiction.