Galerie Binôme 19 rue Charlemagne 75004 Paris France
Espace Mobalpa 15, bd Diderot 75012 Paris France
Remarquées à l’automne dernier au Festival international de photographie culinaire, les natures mortes anthropomorphiques de Vincent Pasquier, pleines d’humour et de poésie, seront exposées au mois de mars par la galerie binôme dans un lieu lui aussi ouvert à l’art culinaire : l’Espace Mobalpa à Paris.
Dans cette série, Vincent Pasquier interroge les adéquations formelles entre l’imagerie médicale et les objets organiques. Démontrant un sens de l'observation décalé, il réinterprète chaque organe du corps humain selon un double langage médico-végétal. Ainsi, sous une lumière radiographique, le fenouil simule le coeur, une coupe de chou évoque les méandres du cerveau... Toutes ses images, sur fond noir abyssal, se lisent avec beaucoup d'humour et de poésie.
Autopsie d’une série
« Cette série de photographies est née d’un postulat de départ très précis : chercher dans l’ordre végétal la trace morphologique de l’homme en se rapprochant au plus près de l’intime du corps humain par l’angle que les imageries médicales nous en donnent. C’est ainsi qu’en cassant une noix par sa jointure, j’ai obtenu la classique évocation du cerveau dans son enveloppe crânienne. Mais en photographiant cette noix de manière à obtenir une fausse coupe anatomique telle qu’un scanner aurait pu la produire, je trouvai là un terrain de jeu intéressant… La noix ne se contente pas seulement d’évoquer l’aspect du cerveau humain. Avec un petit effort d’imagination, l’anthropomorphisme organique se révèle d’une grande finesse d’imitation : les circonvolutions du cerveau, sa division en quatre lobes séparés de membranes, les différentes enveloppes corticales et sous-corticales.
Le chou commun délivre aussi une interprétation touchante de l’encéphale. Dans sa coupe sagittale, celui-ci révèle une étonnante similitude topographique : présence du dessin du corps calleux au centre, tronc cérébral, plissé du cortex. Quant aux arborescences des feuilles et de l’enveloppe, elles reproduisent de manière singulière un réseau artériel ou veineux semblable à celui de la dure-mère ou de l’omentum dans la région abdominale.
Ces ressemblances ne sont toutefois pas fortuites. Les plantes végétales sont régies par la même force vitale présente en toutes choses. La sève qui fait croître les tissus à besoin de veines et d’artères afin de circuler. La graine a besoin d’une enveloppe et d’une cosse pour grandir en étant protégée. Cette loi fédère toute chose organique dans l’univers.
L’anthropomorphisme n’est ici rien de plus qu’un jeu. La nature s’amuse de nous, de bien des manières. Nous ne nous gênons pas d’ailleurs pour faire de même lorsqu’à la vue d’une jolie fille nous évoquons une belle plante où lorsque nous sortons, furieux, du cinéma après la vision d’un tel navet. Mais je n’ai jamais perdu de vue ce que je voulais exprimer en photographiant ces végétaux : souligner leur beauté formelle et découvrir, surpris et enjoué, que même un chou peut avoir de l’esprit ».
Vincent Pasquier