Galerie Catherine Bastide 62 Chaussee de Forest, Vorstsesteenweg B-1060 Brussels Belgique
C’est en premier lieu l’atmosphère, laiteuse, emplissant nombre d’images qui retient l’attention.
Une route de nuit sous la neige, des visages ou quelques arbres en nuances de gris qui semblent s’estomper, une femme qui apparaît / disparaît timidement derrière la vitre d’un autobus,… et souvent un éclairage diffus, brumeux parfois, qui toujours sape les contours pour mieux envelopper le motif d’une aura d’indéfinition
Si le terme « Sudden » (soudain en français), qui fournit son titre à cette exposition, évoque immanquablement l’immédiateté, l’impromptu ou la surprise, il entretient ici le doute.
D’une grande variété iconographique, les clichés d’Ola Rindal adoptent des formats et des modes de tirage suffisamment distincts pour dénier la mise en place d’une linéarité narrative. Pas de lecture continue donc – manière d’empêcher le regard de suivre un chemin tracé d’avance –, mais à l’inverse une volonté de conserver intact le potentiel de ces images chargées d’une forme particulière de spontanéité.
Car si toujours le moment d’une action fait montre d’une capture sur le vif, la nature des photographies de Rindal est telle que s’installe une sorte d’impact à double détente. Même « arrimés au sol », ses sujets paraissent quelque part flotter dans des ambiances pas clairement définies, dans des situations ambivalentes qui semblent à la fois figées tout en maintenant une impression de mise en suspension. Avec pour conséquence l’entretien d’une insécurité du regard, tant rien ne paraît véritablement assuré.
Les situations capturées par le photographe laissent infuser l’inquiétante sensation que quelque chose vient de se passer ou est à même de se produire. Une forme de violence contenue insuffle au cliché son énergie, d’autant plus efficiente qu’immédiatement s’installe la possibilité – la probabilité – d’une continuation dont on ne saura jamais rien. Chez Ola Rindal, loin de livrer ses secrets, l’image s’exprime dans une incertitude qui finalement rend très intensément présent ce qui jamais n’est figuré.
Frédéric BONNET