
Stimultania 33 rue Kageneck 67000 Strasbourg France
Un titre éloquent et imagé qui réunit quatre fi gures de la scène artistique turque contemporaine et un langage esthétique propre à chacun d’eux. Ces femmes qui courent avec les loups (Acte 2), une exposi- tion de photographies et de vidéos où la femme est à l’honneur. Hommage à la femme, histoires de femmes ou encore portraits de femmes turques ? Créant un croisement entre les visions singulières et innovantes des artistes face à leur pays d’origine, l’expo- sition nous révèle une culture étrangère qui oscille entre tradition et modernité. De par les oeuvres présentées, elle devient le point de rencontre entre deux media distincts, la photographie et la vidéo, qui s’enrichissent mutuellement dans ce jeu de regards portés sur les femmes d’aujourd’hui en Turquie. Renversant les poncifs occidentaux, détruisant les clivages de deux cultures différentes, elle nous dévoile le visage de ces femmes et en expose une image contemporaine et déconcertante.
Ceci est la photographie de votre vie : de quoi avez-vous envie ? Tel est le fi l directeur de la démarche artistique d’Orhan Çem Çetin qui offre ses services, met son art à dis- position des habitants de Galata et exauce leurs voeux. Témoin unique de ces échanges touchants, Belmin Söylemez, nous en retrace le cheminement dans sa vidéo. The Pic- ture of My Life illustre des moments rêvés, des souhaits inexprimés, ou tout simplement des envies, qui, le temps d’une prise de vue, deviennent une réalité. Qui n’en n’a jamais rêvé ?
Un seul modèle et pléthore de visages tous aussi connus les uns que les autres. Marylin Monroe, Greta Garbo, Audrey Hepburn ou encore Brigitte Bardot, toutes affi chent les mêmes traits, ceux d’une femme turque, qui n’est autre que la photographe elle-même.
Cette série d’autoportraits engendre une étrange impression renforcée par la vérité qui en découle : les stars meurent et seules les légendes survivent au temps. Incarnant des fantasmes, des désirs et l’illusion de la vie, Sebla Selin Ok avec Being Star nous présente des rêves insaisissables et les désillusions de femmes marquées par une tra- dition…
Avec sa vidéo I can Sing, Ferhat Özgur interpelle le spectateur en jouant de détourne- ments et de réappropriations pour réaliser une oeuvre pleine de contrastes. D’un côté un monde occidental, des immeubles contemporains, la voix d’un homme et l’Hallelujah de Jeff Buckley. De l’autre un décor oriental planté de minarets et de mosquées ainsi qu’une femme voilée et expansive qui interprète la chanson librement. L’oeuvre ainsi composée donne lieu à une lamentation expressive. Matérialisant une tension sous- jacente entre conservatisme et modernisme, cette étrange association qui donne l’im- pression d’être fi lmée avec un téléphone portable tel un reportage sur le vif, interroge la société et ses individus.
Un voyage dans un univers quasi monochrome et nébuleux, un voyage intérieur qui fl otte entre réalité et imaginaire, voici ce que nous propose Melisa Önel avec son oeuvre The Travel. Chacune de ses photographies dévoile une sphère intime dans un mouvement calme et tranquille.
D’abord se sont des formes imprécises et vagues qui émergent à la surface de la photographie puis quelque chose d’irréversible et de sensible qui se dessine. Sans jamais tout nous révéler de ces images, Melisa Önel nous retient dans son univers de l’entre-deux qui se fonde sur l’identité et la mémoire de chacun.
Des oeuvres humaines et très sensibles qui apportent à l’exposition une vitalité saisissante, un souffle d’authenticité et un nouveau regard posé sur le milieu et la société turcs. Un témoignage ? Au-delà d’un portrait de femmes, l’exposition semble devenir un portrait sociologique troublant et généreux. Explorant la diversité d’expression, Ces Femmes qui courent avec les loups (Acte 2) met en scène des histoires que l’on ne soupçonnait pas aussi familières et représente un univers à la fois dépaysant et chaleureux.