Galerie Libre Cours 100 rue de Stassart 1050 Bruxelles Belgique
Elodie Lachaud - Chromobiles
La série « Chromobiles » est une fiction taximobile sur New York. Elodie Lachaud photographie et filme. Elle décrit sa vision du temps parcouru en taxi et en dollars. Assise et mobile dans des taxis de Manhattan. Seule
et aussi avec « l’autre » (le chauffeur). Ni tout à fait à l’intérieur, ni tout à fait à l’extérieur. Fiction à épisodes : « Taxis 2001 », « Chromobiles 02»… Et… l’exposition présente le troisième épisode : « NY Taxis 08, $4.10 ». « Je fixe le compteur… $4.10…Je n’arrête pas de changer de place, la vitre trouble mon regard…Je prends une photo… $4.10… New York flotte… Je vois le ciel… par intervalle… net … flou… Je scrute la ville et ses agitations… $4.10… Toujours pas d’issue de secours. » Une dizaine de photographies lumière grand format. Une installation son et vidéo de 2 films : « $13.80 » (aller‐retour / discussion de l’hôtel à l’hôtel en taxi avec « l’autre », inconnu, présent sans exister vraiment et pourtant…) « Sheeps » (Elodie Lachaud compte les taxis de la fenêtre de sa chambre pour trouver le sommeil et finalement redescend dans la rue les compter encore et encore dans cette dernière nuit avant le départ, le retour). « Wicked » (inspirée de l’hôtel, de la vue de l’hôtel). On y rentre, on en sort, on ne fait que passer… L’exposition est ce voyage « entre deux ». On y est. Et on entre : bienvenue dans l’entre deux.
Catherine Lambermont - Translation
"Ce travail pictural est un détournement du quotidien, une reconstruction abstraite du monde réel, une invitation à un voyage intérieur où l’importance est donnée à la lumière et à la composition épurée. Ces images sont une parenthèse, une respiration profonde et sereine, une quête de calme intérieur, une sphère où les références sont suggérées et laissent libre cours à une certaine forme de sensualité. Formes détournées de leur représentation première et couleurs irréelles; les images sont réalisées à partir de polaroïds qui modifient teintes et tonalités." (Catherine Lambermont)
À travers la photographie, Catherine Lambermont capte l’impalpable silence. Sa série « Huis clos » évoquait déjà des lieux confinés où la présence humaine se dérobait pour devenir peu à peu fantomatique. Le travail
« Translation », actuellement présenté dans la galerie, poursuit cette même quête du dépouillement. L’artiste propose une vision intériorisée du réel qui résulte du détournement d’une imagerie quotidienne. Le spectateur déambule paisiblement entre les alcôves d’un appartement meublé. Ce lieu anodin génère, au fil des tirages photographiques, une atmosphère poudrée où les limites se fondent entre elles. Les objets, magnifiés par la lumière, voient leurs contours s’adoucir pour laisser place à une série de compositions abstraites. Les espaces intimes perdent tout repère et se muent en un site confiné où les pièces se resserrent et les heures se figent. Proche des textures picturales, le climat qui règne dans ses photographies est obtenu grâce aux tirages Polaroïd qu’elle numérise dans une seconde phase de création. Cette technique lui permet d’intégrer une part d’aléatoire. Les teintes initiales sont nuancées et contribuent à la transformation des objets et des espaces en métaphores vivantes. Régie par la lenteur, notre progression prend une dimension inquiétante. Les silhouettes, qui se profilent à la surface, insufflent l’idée d’une apparition. Une pièce vide, un siège inoccupé, une fenêtre ouverte laissent penser que, dans cet environnement apparemment inanimé, une trace de vie subsiste. Une vision spectrale qui renvoie aux souvenirs d’une réalité vécue. Loin de la nature morte, ses photographies se rapprochent du thème de l’autoportrait psychique. L’interprétation des formes communes devient prétexte à la projection d’un état d’esprit en quête de sérénité intérieure. Par endroits, les ombres saillantes évoquent la difficulté de ce cheminement et viennent perturber la douceur des matières diaphanes.
Adèle Santocono