Galerie Les Filles du Calvaire Bruxelles Boulevard Barthélémy 20 1000 Brussel Belgique
Paul Pouvreau
[...]Dans ses œuvres, Paul Pouvreau favorise l’utilisation redoublée de la représentation du réel, ou d’un réel probable et reconstruit. Documents chargés de valeur d’usage, voire d’écritures, possédant un rôle banal ou déjà utilisés comme codes dans des systèmes de référence variés (société de consommation, d’information, vie quotidienne), différents matériaux soutiennent cette dimension plus horizontale et « duchampienne » de son travail. Ainsi des cartons d’emballage, des pages de journaux, des affiches publicitaires ou des photographies documentaires : toutes ces images, tous ces référents sont réorganisés dans une recomposition du réel souvent source d’élans critiques. Certains sont travaillés au burin de la démarche conceptuelle, d’autres sont modelés sous les doigts de la signification, et d’autres enfin sont assemblés par le jeu de l’humour, de la dérision ou de la poésie. Cette volonté créatrice originale détourne les codes de lecture habituels, signifie là où le spectateur n’attend aucun sens, et, à l’inverse, peut ne « dire » rien là où il attend une réponse. [...]
Avec ses « Faits divers », Paul Pouvreau réalise une série de photographies de facture publicitaire. L’extrême qualité de la mise en scène du « produit », son éclairage, son cadrage et la composition de l’image, accueillent le regard dans un bain de plaisir visuel. Or, tandis que ces images commerciales se consomment dans l’évidence et l’habitude de notre lecture quotidienne, ici, l’incongruité des objets, ainsi glorifiés sous le feu des projecteurs, brave efficacement notre entendement. En effet, les matériaux utilisés pour composer le ‘produit’ ne sont autres que de très humbles sacs en plastique. Accessoires désobligeants, porteurs d’une attention éphémère et distraite, ces simples résidus de nos activités de consommation sont gracieusement noués, joliment superposés dans des compositions dont l’harmonie des couleurs se mesure à l’équilibre des formes. Leur fragilité et leur précarité intrinsèques suggèrent une amitié, une indulgence, presque une compassion pour ces petits êtres sans importance qui tentent de s’agrandir dans la gratification d’un statut artistique[...]
Extraits du texte de Véronique d’Auzac de Lamartinie, « Documents à l’appui » : le réalisme recomposé de Paul Pouvreau. Véronique d’Auzac de Lamartinie : Auteur de « L’art contemporain est-il de l’art ? » aux Editions de l’Hèbe, critique d’art.
Hugues Reip
«Loin de nous apporter de nouvelles réponses ou de nouvelles définitions[...], Hugues Reip se laisse, au contraire, traverser par des interrogations qui nous sont directement adressées : “Comment représenter des réalités qui nous échappent? Peut-on vraiment voir au-delà du visible? Qu’est-ce que l’image et à quoi sert-elle ou, mieux peut-être, qu’y investissons-nous?”.
Et d’inventer, dans son coin, de nouvelles façons d’échapper aux savoirs établis pour mieux remettre en question la nature, le sens et la conscience de nos regards sur le réel y compris dans ses avatars les plus singuliers.»
Extrait d’un texte de Charles-Arthur Boyer, catalogue Hugues Reip. Coédition le Quartier, Centred’art contemporain, Quimper, et le Frac Franche-Comté.