Galerie Baudoin Lebon 8 rue Charles-François Dupuis 75003 Paris France
La galerie baudoin lebon présente le travail en Palestine d’Anne-Marie Filaire intitulé Ailleurs. Entrepris depuis 1999, il montre l’impact du mur de séparation sur ce territoire divisé entre deux communautés qui voient leur environnement violemment modifié par la construction de ce mur qui s ‘élève par endroits jusqu’ à huit mètres. Avec l’oeil de l’observatrice du paysage qu’est Anne-Marie Filaire, elle donne à voir ces modifications sur les dix dernières années des environs de Jérusalem, de Shufat ou encore de Ramallah. Quelque 20 photographies, 11 panoramiques et 9 moyens formats seront montrés dans l’espace de la galerie, dont 5 nouvelles pièces.
Le travail photographique d’Anne-Marie Filaire ne tient pas du reportage mais s’apparente à une attitude de documentariste. Elle s’intéresse à l’évolution des espaces dans son travail pour l’Observatoire du paysage en France à la commande du ministère de l’Environnement à partir de 1997 puis plus tard en Israël et en Palestine où elle effectue des relevés extrêmement précis. Ses photographies sont majoritairement consacrées à des entre-deux, des zones tampons dans lesquelles, même si aucun habitant n’est présent, les traces de l’activité humaine saturent l’espace. Sous la forme d’un constat, elles montrent avant tout la structure mouvante d’un territoire en évoquant sa dimension politique. Ses recherches se situent particulièrement dans les zones dites «frontières».
« Dans ma photographie le paysage n’est pas une continuité mais une accumulation. Une accumulation de temps, de moments. Je travaille sur la frontière. Elle est ici quelque chose de très violent qui se matérialise par un mur. L’espace se ferme, et paradoxalement, à force de tourner sur moi-même, il s’ouvre, il se déplie dans ma photographie. Mes images sont de grands bandeaux, des paysages séquencés, fictionnés, qui deviennent peu à peu des bandes opaques et dont la densité altère notre perception. La violence faite au paysage altère notre vision, perturbe la continuité psychique d’un espace contenant. La forme du travail devient paradoxalement une enveloppe contenante, une volonté de continuité face à une impossibilité à pouvoir penser l’Autre. L’aspect documentaire interroge ce que ces bouleversements font subir à notre regard et témoigne de l’évolution de ces zones frontières, de cet enfermement. »
Anne-Marie Filaire
Paris, mai 2007