Espace Chatelet Victoria 19, avenue Victoria 75001 Paris France
Deux séries, deux univers distincts, réunis autour d’un titre révélateur avide/à vide.
Les thèmes du silence et du dépouillement sont ici à l’oeuvre, questionnant, après coup, les échos d’une actualité folle, bruyante, marquée par le cataclysme financier de l’année passée.
La salle du rez‐de‐chaussée accueillera un ensemble de photographies dominées par les gris et les blancs : bateaux immobiles ou pris dans la tourmente, paysages maritimes enneigés aux contours incertains, brouillés par une brume qu’aucune corne ne viendra délivrer d’une probable disparition. Cet univers sans repère pourrait être le nôtre. Ce bateau fantôme qui ne sait où il va vise en chacun d’entre nous la part de solitude, ou encore la nostalgie d’un monde évanoui.
Plus conceptuelle, la série des mannequins exposée au second niveau n’est pas sans rappeler la peinture d’un Magritte ou d’un Morandi. Bernard Soria cherche moins ici à provoquer l’émotion qu’à susciter la réflexion ou la méditation. Les formes dépouillées, symbole d’un luxe relégué à un autre temps, évoquent le silence : silence après la tempête de l’opulence. L’idée du dénuement s’impose comme le paradoxe nécessaire d’une société devenue folle. Cette série très construite assume une fonction critique à travers la mise en scène de silhouettes sourdes et muettes, alors qu’elles sont en situation d’écoute ou de conversation.
Après le temps peut changer en 2007 et ses paysages hantés par l’idée de la disparition, Bernard Soria propose ici, comme en réponse à l’actualité, une exposition en forme de questionnement.
